Le film franco-allemand "Sleeping sickness" ("Schlaftfrankheit") suit les traces du film de Claire Denis "White material" en nous montrant par bribes, les influences de l'Afrique, son climat, son rythme autre, sur des européens. De maladie du sommeil (jolie parabole aux sens multiples) il est d'abord question ici en tant que réelle maladie puisque traitée lors d'une campagne spécifique par un médecin allemand (qui doit prochainement rentrer) et auditée par un jeune médecin noir né en France, qui se porte volontaire pour partir.
Le film est ainsi clairement divisé en deux parties, totalement distinctes. Deux histoires dont le lien est la campagne médicale, et qui n'ont en commun que la présence du médecin plus âgé, préparant son départ avec sa femme et sa fille pour l'Allemagne dans la première, et donnant naissance à son enfant issu d'une femme africaine dans la seconde. Entre les deux, le scénario nous laisse libre de nous demander ce qu'il s'est passé. Est-il réellement parti ? Avait-il déjà une maîtresse ? Est-il revenu ne supportant plus le rythme de vie occidental ? Peu importe.
Car ici c'est bien de changement de rythme dont il s'agit. La violence avec laquelle le jeune médecin français réagit aux multiples retards et obstacles qu'il rencontre, montre bien qu'une adaptation est nécessaire. Que les enjeux ne sont pas la productivité, mais la survie. Mais le fameux sommeil toute aussi tous ceux qui ferment les yeux, la corruption, les petits cadeaux qui aident à passer un barrage, les comptes de l'hôpital... tout ce qui touche à l'argent n'est pas très net. Et logiquement, comme chez Claire Denis, le réalisateur pose justement la question du rôle de l'homme blanc, de ses compagnies, de l'Europe dans tout cela.
Source: Olivier Bachelard
15/02/11
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