Sensé être le dernier film du réalisateur hongrois Béla Tarr, "The Turin horse" part d'un postulat simple: en 1889, dans la ville de Turin, Friedrich Nietzsche aurait étreint le cou d'un cheval qui refusait d'avancer. Par la suite, il aurait perdu la raison. Béla Tarr, lui, se demande ce qu'est devenu le cheval, brodant un simulacre d'histoire, prélude à la mort, chapitré en cinq jours, du paysan propriétaire du cheval et de sa fille qui s'occupe de lui. Tous deux vivent dans une maison isolée, au milieu de terrains balayés par des vents insoutenables.
Sans véritable histoire, ce film-concept déroute par sa longueur (2h26) et son aspect contemplatif d'un dénuement quotidien, égrainant une routine du pauvre, aujourd'hui à la limite du soutenable: mettre les bûches dans le feu, aller chercher l'eau au puit, manger une pomme de terre avec les doigts, aider le père à se coucher... Une routine, perturbée par de très, très rares évènements. Mais "The Turin horse" fascine cependant par ses qualités esthétiques, son tournage favorisant les plans séquences (la scène d'ouverture est d'une beauté époustoufflante), son noir et blanc, sa musique qui prend aux tripes, et ses plans épurés. Une expérience qui marquera forcément, mais qui reste cependant d'un inaccessible absolu.
Source: Olivier Bachelard
18/02/11
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