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Deauville Asia 2009: Jour 3 - Un monde de violences


Photo Deauville Asia 2009: Jour 3 - Un monde de violencesImpressions du vendredi 13 mars

BREATHLESS
de Yang Ik-June (Corée du Sud)
Compétition
Niveau +3

Acteur reconnu dans son pays, Yang Ik-June présente à Deauville son premier film en tant que réalisateur. Il y interprète le rôle d’un type bourru et violent, qui vit d’interventions musclées exécutées pour le compte d’un ami usurier. Or derrière la coquille se cache une profonde douleur, liée à la mort de sa mère et de sa soeur, que sa rencontre avec une lycéenne parviendra quelque peu à conjurer. Le scénario n’est pas d’une originalité folle, mais le film prend aux tripes sans discontinuer. La violence, omniprésente, est filmée à la façon d’un Takeshi Kitano, c’est-à-dire comme un véritable langage. Quant à la jeune actrice qui interprète la lycéenne, elle crève l’écran. “Breathless” ne serait-il pas la révélation de ce festival ?

THE MOSS
de Derek Kwok
Action Asia
Niveau +2

Alors qu’il rentre offrir une émeraude à sa mère (Mme Chong), le fils d’une chef de gang décide de faire une halte chez les prostituées et égare l’objet. S’en prenant à celle qui lui donne du plaisir, il finit par se faire assommer et termine, moribond, dans une poubelle. Sans nouvelles, sa mère lance alors une vandetta contre son pire ennemi, un autre chef de gang, M. Tong. The moss est l’histoire de quelques personnes, prises entre les feux des deux gangs, servant parfois malgré eux certains intérêts: un flic pourri, une pute, sa petites soeur fine cuisinière et un mendiant. La mise en scène, toujours en mouvement, alterne avec fluidité entre les scènes de règlement de compte et les rouages du quotidien, instillant quelques beaux moments intimes dans un monde plutôt sombre. Du coup, cette histoire, mise en parallèle avec un conte légendaire joué par des marionnettes de papier, prend une dimension émouvante inattendue. On regrettera juste que le réalisateur en fasse un peu des tonnes sur la fin.

ISLAND ETUDE
de En Chen (Taïwan)
Compétition
Niveau -1

On était forcément intrigué par ce voyage initiatique sur les traces d’une cycliste sourd qui allait nous emmener dans un tour culturel et visuel de l’île de Taïwan. Chapitré à compter du deuxième jour de périple, on se lasse très vite des rencontres anodines de notre cycliste, comme des touches culturelles bien pauvres qui s’ajoutent ponctuellement sans aucun éclairage. Le film s’adresse peut-être à des personnes déjà éclairées, mais il aligne pourtant les plans larges sur la mer, les paysages du pays, sans pour autant forunir une variété évidente qui donnerait envie d’air frais et de voyage. On finit d’ailleurs par se demander où veut en venir l’auteur de cette pâlichonne et sans surprise carte postale. Sans intérêt.


THE CHASER
de Na Hong-Jin (Corée du Sud)
Action Asia
Niveau +3

Déjà présenté à Cannes en 2008 lors d’une palpitante séance de minuit, The Chaser, qui sort en salles la semaine prochaine, fait forcément d’avance figure de grand favori pour la section Action Asia. Un maquereau s’y inquiète de la disparition d’une de ses filles, kidnappé par un serial-killer qui aime à enfoncer des pics dans la tête de ses victimes. Intelligemment le scénario déplace l’intrigue, non sur la recherche du tueur, rapidement identifié, par le spectateur en tout cas, sur la capacité de la police, aidée par le proxénète à garder le tueur en garde en vue. Tout simplement palpitant !

Lire la critique de The Chaser par Olivier Bachelard

L’ENFANT DE KABOUL
de Barmak Akram (Afghanistan)
Compétition
Niveau +2

Un enfant est abandonné dans un taxi à Kaboul. Le conducteur, pris de panique, tente de s’en débarrasser par tous les moyens... Et s’il le gardait, lui qui n’a que des filles ? Traité sous la forme d’un parcours semé d’embûches, le film dresse avec une certaine légèreté le portrait d’un pays marqué par la guerre et le départ des Talibans. Présenté à Venise en 2008, le film fait son petit effet. C’est subtil, touchant et chargé d’espoir, on aimerait que les films afghans soient moins rares. D’ailleurs, lorsque l’on demande au réalisateur Barmak Akram si le cinéma afghan n’est pas mort avec la guerre, lui répond beaucoup de simplicité : “Non, justement il n’est pas encre né”.

Lire la critique de L’enfant de Kaboul par Olivier Bachelard

BEASTIE BOYS
de Yoon Jong-Bin (Corée du Sud)
Panorama
Niveau 0

La journée s’est conclue par un film de la section Panorama, dont l’action se déroule sans l’ambiance électrique de Séoul. Deux jeunes hommes travaillent comme escort boys dans un club réservé aux femmes. Obnubilés par l’argent, ils fondent les relations humaines sur l’attrait du gain et s’enfoncent dans un mode de vie guidé uniquement par l’ambition. Bien que le réalisateur parvienne à faire de l’enivrante Séoul un atout fascinant du film, celui-ci ne parvient jamais à décoller et s’avère tout aussi superficiel que le monde qu’il dénonce. Ca se regarde, mais sans grande conviction. Dommage de conclure cette troisième journée de festival sur une telle impression !

Source: Sylvia Grangirard et Olivier Bachelard

14/03/09

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