News Cinéma

Deauville 2007 - Jour 4 - Coup de chaud dans le froid


Lundi 03 septembre 2007

Y'a plus de saison, ma bonne dame. C'est la faute aux spoutniks, aux satellites pour les téléphones portables, aux péages d'autoroute ou à Dieu sait quoi. Tout ça pour vous dire que le petit vent frisquet qui souffle ce matin sur la côte normande vous refroidit sacrément.

En plus, je vous le donne en mille : le grand film du jour est "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" d'Andrew Dominik qui, comble de malchance, se déroule dans des paysages enneigés à vous glacer. Le coup de chaud de la journée n'est pas dû aux rares apparitions d'un soleil timide mais bien à la présence de Brad Pitt (et de Madame) dans la ville. Les rumeurs vont déjà bon train : il paraît qu'une foule s'est amassée devant l'hôtel Royal, où séjournerait le couple célèbre. Une foule qui en a été pour ses frais puisque Brad, Angelina et leurs charmants enfants sont passés par une porte dérobée. C'est que l'acteur ne veut pas confondre, et il a certainement raison, la vie privée et sa vie publique professionnelle. Ainsi, après sa conférence de presse, il n'hésitera pas à aller au devant de ses fans pour se laisser photographier et pour signer des autographes.

La conférence de presse ! Comme pour celle de George Clooney, il fallait être là une bonne heure à l'avance si l'on voulait être sûr de pouvoir y entrer. Il y eut moins de bousculade que pour le beau George (le service d'ordre avait disposé des barrières pour canaliser le flot) mais une séquestration des journalistes en bonne et due forme à l'issue de cette conférence. Comme Brad Pitt voulait saluer la foule, on demanda aux journalistes de ne pas sortir de la salle tant qu'il n'aurait pas fini de signer. Ce genre d'événement rythme le festival d'une très bonne façon.

A part ce grandiose "Jesse James", cette quatrième journée de festival fut l'occasion de découvrir deux autres films.

"For Your Consideration" de Christopher Guest est une aimable pochade sur les milieux hollywoodiens, leurs travers, et sur la presse qui les entoure. C'est amusant mais on ne peut s'empêcher de comparer le sujet à "The Player" d'Altman, tellement plus fort. Co-écrit par Eugene Levy (qui joue le père dans la série des "American Pie" et qui est ici un agent artistique croquignolet), "For Your Consideration" a une trame originale (comment, sur le tournage d'un petit film sans intérêt, les comédiens pensent qu'ils vont être nominés pour les Oscars), belle occasion pour asséner de petits coups de griffe ici et là, à ces corporations qui vivent toutes aux dépens les unes des autres, acteurs, producteurs, agents artistiques, techniciens, journalistes, critiques et autres chargés de publicité. C'est gentil et ça ne laissera pas de souvenirs impérissables.

"Waitress" d'Adrienne Shelly est beaucoup plus intéressant. La réalisatrice, malheureusement décédée l'an dernier, a su réunir une galerie de personnages peints en demi-teintes, interprétés par de formidables comédiens. Keri Russell est Jenna, une jeune femme qui ne supporte plus son mari (Jeremy Sisto) et prend tout son plaisir à confectionner des tartes admirables. Jeremy Sisto donne vie à une sorte de beauf fragile, assez proche (en plus violent) du personnage d'Alexandre Astier dans "Comme t'y es belle". Les deux copines de Jenna, ses collègues de travail dans le restaurant où elle bosse, sont formidables aussi : Cheryl Hines en grande bringue qui n'a pas froid aux yeux et Adrienne Shelly en petite timide donnent toutes deux une très belle composition. Enfin, signalons également la présence d'Andy Griffith, révélé à la fin des années 50 par Elia Kazan dans "Un homme dans la foule" (il a depuis surtout oeuvré à la télévision). Il excelle ici dans le rôle d'un vieil homme bougon que tout le monde considère comme méchant et qui, on s'en doute, ne l'est pas du tout. "Waitress" est un vraiment beau film sur le quotidien de gens simples, sur leurs difficultés à trouver une place dans la vie, le tout étant traité avec beaucoup d'humour, cet humour tragique qui nous fait rire avec un petit pincement au coeur.

Source: Jean Charles et Catherine Lemeunier

04/09/07

Partager cet article sur Facebook Twitter