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Cannes 2009: Jour 5 – Agora peplum vu du ciel et ados boutonneux pas vraiment Beaux Gosses


Photo Cannes 2009: Jour 5 – Agora peplum vu du ciel et ados boutonneux pas vraiment Beaux GossesDimanche 17 mai 2009

8h30
VENGEANCE
Compétition
Niveau 0

Cette fois-ci la ligne est malheureusement franchie. Loin de sa vague hyperéaliste sur les triades (« Election »), Johnnie To confirme avec « Vengeance » son inclinaison pour les polars improbables, au ton décalé tant le récit bardés de références aux films de genre, en particulier le Western. Mais il est clair qu'à chercher la bizarrerie, il fait ici un pas de trop en affligeant son héros à l'imper noir (Johnnie Hallyday, pas très inspiré et flirtant avec le monolyte) de pertes de mémoires amusantes un instant et de dialogues minimalistes confinant au ridicule (« est-ce que c'est ta veste ? » lance-t-il à un chef de gang qu'il vient de fumer à plusieurs reprises...). Restent quelques belles fusillades, parfaitement synchronisées et bruitées, ainsi que de belles idées de comédie (la liste des planques à armes dans une maison en dévastée, la pétérade contre un vélo sans cycliste...). Mais cela ne compense pas les incohérences du scénario: Hallyday devrait s'être fait butté dès la scène de l'hôtel, quand aux cafards dans la casserolle de spaghettis chez sa fille, on se demande bien comment ils ont pu soulever le couvercle pour se retrouver là !

11h30
AGORA
Hors compétition
Niveau +2

Alejandro Amenabar (« Les autres », « Mar adentro ») fait renaître une nouvelle fois le Peplum de ses cendres en nous proposant le récit des affrontements entre religions dans un Alexandrie ou couve la révolte. Si le scénario s'appesante un peu trop sur les découverte de Rachel Weiz, philosophe et astronome à ses heures (Hypatie), on préfèrera retenir la vision inquiétante et d'actualité d'un obscurantisme galopant. De ceux qui font se couvrir et taire les femmes, mais surtout de ceux qui étouffent réflexion, critique et imagination. Le trio amoureux (la belle, son prétendant Oreste devenu préfet romain, et l'esclave libéré Davus) fonctionne très bien durant la dernière demi-heure, livrant quelques scènes fortement émouvantes. Quant à la mise en scène d'Amenabar, on appréciera sa manière de s'éloigner brutalement de l'homme, en prenant de l'altitude, laissant les cris des hommes au lointain, et en filmant la ville d'au dessus, avec ses nuées de violents êtres, tous persuadés que quelqu'un au dessus les regarde et les juges. Le réalisateur lui, observe juste, livrant au spectateur un spectacle inquiétant pour le moindre espoir de paix.

16h30
KINATAY
Compétition
Niveau 0

Il avait dérouté les foules l'an dernier avec « Serbis », revoici sur les marches l'auteur du remarqué « John John », Brillante Mendosa. Après une introduction dans le bruit de la ville où l'on cuisine à même le trottoir, l'auteur Phlippines nous présent longuement le bonheur d'une jeune famille ayant déjà un enfant et sur le point d'en venir au mariage. Un bonheur de façade qui laisse couver le drame, à l'image d'un « Funny games » de Haneke. Mais la violence fera intrusion ici, non pas dans l'intimité du couple, comme on pouvait le craindre, mais dans les à cotés du cuoqitidien du mari, jeune élève enquêteur. Celui-ci se retrouve en effet embringué dans une sombre histoire de pots de vins, de corruption et de torture. Mendosa filme son hésitation entre envie de fuir, de dénoncer ses collègues et nécessité réfléchie de fermer les yeux et d'obéir. Ce jusqu'à l'écoeurement. Le spectateur subit et a envie de fuir, dans l'obscurité d'une photographie, qui seule tente d'installer une ambiance vénéneuse, loin de personnages inexistants.

Lire la critique Pour / Contre de « Kinatay » par Sylvia Grandgirard (-2)

19h30
LES BEAUX GOSSES
Quinzaine des réalisateurs
Niveau +3

Humeurs adolescentes coté quinzaine des réalisateurs avec le film de Riad Sattouf adapté de l'une de ses bandes dessinées. De premiers baisers boutonneux, en branlettes à la chaussette, jusqu'aux éjaculations précoces, l'auteur dépeint l'univers cru et cul de collégiens en mal de romance sexuée. L'on suit avec un bonheur immense les hésitation d'un ado à la mère dépressive et envahissante (Noémie Lvosvky, pétillante de curiosité mal placée), tentant de créer un semblant de couple avec une fille qui ne sait pas trop à quel rythme aller. Les images sont nombreuses et colorées, des yeux canard wc aux look façon breakfast club, as-tu un visge sous ces cheveux ? Et les idées gentillement perverses sont légions, qu'il s'agisse d'une séance de spiritisme avec l'esprit d'Hitler ou du site web avec des « chaudasses de mamans ». De quoi rire pendant des heures...

22h00
POLYTECHNIQUE
Quinzaine des réalisateurs
Niveau +2

Un noir et blanc sublime enveloppe complètement le drame du canadien Denis Villeneuve, situé dans l'école polytechnique de Montréal en décembre 1986. Un élève y fit irruption avec un fusil, massacrant toutes les filles qu'il trouva sur son passage. Etangement le film s'ouvre et se ferme avec la lecture en voix-off d'une lettre: celle du tueur pourchassant les féministe qui lui auraient pourri la vie, et celle d'une survivante qui a encore du mal, des années après à oublier la haine. Le trio d'interprètes recelle des merveilles d'humanité, chacun menant son destin vers une mort annoncée ou non, ou une vie sous influence de la peur. Une oeuvre sous tension, belle comme la mort.

Bonus: également projetés aujourd'hui...

LASCARS
Semaine de la critique
Niveau +3

Formidable dessin animé tiré d'une série de deux saisons (1mn par épisode) diffusée sur Canal Plus, « Lascars » se dote d'un scénario aux histoires parallèles aussi touffues que prodigieusement dialoguées. Presque chaque phrase fait mouche, dotée d'expressions aussi surprenantes que crues. Sentant presque toutes le naturel, les répliques font partie intégrante du rythme échevelé de cette comédie qui épingle et démystifie les racailles de banlieue (du petit craneur de cage d'escalier jusqu'au dealer gros dur). Les mecs en prennent pour leur grade, les personnages les plus dangereux étant finalement les femmes, hautaines ou violentes. A ne rater sous aucun prétexte, le film mérite une deuxième vision tant le propos est dense.

LE PERE DE MES ENFANTS
Un certain regard
Niveau 0

Pour son second film après « Tout est pardonné », Mia Hansen Love a choisi de rendre hommage à son producteur Humbert Balsan. Ce dernier s'est en effet suicidé il y a quelques années à la plus grande surprise de tous ses collaborateurs et proches. La première partie sur les difficultés financières de la société de production est assez intéressante et convaincante, et démontre un amour sans faille du cinéma au milieu d'un torrent de contraintes et de difficultés. La seconde partie, elle, s'intéresse à la vie privée de l'homme, positivant presque chacun de ses actes, sans jamais donner de contre-point, confinant ainsi au malsain voyeurisme qui entoure la mort des hommes publics. La mise en scène, proche de la simple illustration, ne pose qu'un regard admiratif sur cet homme qui a tout laissé derrière lui, femmes et enfants, alignant même sur la fin les dialogues navrants, comme ceux dans les bureaux, lors du déménagement. Dommage, l'homme méritait bien mieux.

Source: Olivier Bachelard

18/05/09

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