News Cinéma

Cannes 2008: Jour 7 – Eastwood séduit par ses rouages huilés et Delta fait sensation


Mardi 20 mai 2008

8h30
L'échange
Compétition
Niveau +3

En 1928 à Los Angeles, un enfant disparaît. Lorsque la très contestée Police lui le ramène, deux semaines plus tard, sa mère (Angelina Jolie, impressionnante de droiture et de rage rentrée) ne le reconnaît pas, mais se laisse persuader qu'elle est simplement sous le choc. Commence alors un long combat pour faire relancer les recherches. Pressions policières, discours accusateurs, arguments hallucinants, médecins compromis, tout y passe pour faire taire la femme qui réalise que son fils à rapetissé et est devenue tout à coup, circoncis ! Si Eastwood réussit à merveille certains passages, notamment les scènes en asile psychiatrique, il n'évite pas sur la fin certains écueils, et verse dans le sentencieux (avec les plaidoyers au procès) et dans le pathos (le face à face avec l'accusé). Heureusement, les rouages parfaits du récit lui permettent de provoquer de belles émotions, lors notamment de la confession de l'enfant ou de la sortie des femmes de l'asile. Un film redoutablement efficace.

11H15
Les bureaux de Dieu
Quinzaine des réalisateurs
Niveau +2

Belle idée qu'a eu Claire Simon (« Ca brûle »), de retranscrire des entretiens recueillis dans le cadre des bureaux d'un planning familial, et de les mettre en scène avec dans les rôles des conseillers, une pléiade d'acteurs et actrices de renom: Béatrice Dalle, Nicole Garcia, Rachida Brakni, Nathalie Baye, Michel Boujenah... On saluera la qualité de leur interprétation, mais aussi celle de tous ceux qui leur font face, notamment les plus jeunes, qui expliquent leurs problèmes, leurs doutes, voire les pressions qui s'exercent sur eux, qu'elles soient psychologiques, religieuses ou physiques. On en ressort avec un beau caléidoscope d'une France bigarrée, exprimant des mélanges de détresse, peur, curiosité envers une sexualité et ses conséquences, que les questionnements cherchent à expliquer et positiver. Indispensable.

16h00
Delta
Compétition
Niveau +2

Candidat sérieux à la palme d'or, « Delta » est le second film d'un hongroie, révélé à Un Certain regard avec l'étrange « Johanna », opéra sur Jeanne d'Arc, situé en temps de guerre nazie. Délaissant ses excès formels et dramatiques, le jeune auteur réussit un film plastiquement captivant, dont le rythme lancinant permet d'apprécier les formes douces et accueillantes du Delta du Danube. En contraste, le comportement des hommes, peu habitués aux étrangers, est rude et parfois violent, emportant un frère revenu au pays, et sa soeur, quasi mutique, dans leurs réactions primaires. Une magnifique histoire, pas toujours limpide, autour de la construction d'une maison sur pilotis. Touchant.

22h00
Johnny Mad Dog
Un certain regard
Niveau 0

Avec ce premier film français, tourné au Liberia, les producteurs (dont Mathieu Kassovitz) entendent dénoncer les agissements des milices armées, et l'endoctrinement des enfants soldats, aujourd'hui part du passé d'un pays apaisé. On suit ainsi les agissements d'une bande, tenue de main de fer par Mad Dog, se joignant à l'attaque d'une ville, pillant et violant sur son passage. Si le film est intéressant sur la manière dont le contrôle est exercé par les plus âgés (drogue, argent promis, retour aux parents, exécution des rebelles...), sa forme finit par agacer. Ultra violent, il ne fait nullement la place, contrairement à « La cité de Dieu », à de réelles accalmies qui permettraient de mieux comprendre les enfants. On est en permanence plongé au milieu des cris et de la hargne, et la mise en scène, souvent en plan fixe, et magré un montage parfois efficace, ne parvient pas à dynamiser certains mouvements de foules ou attaques. D'autant que quelques incohérences se font jour, dont la plus flagrante: abattre un conducteur en pleine poitrine en conservant son pare brise intact !!!

Présentés également aujourd'hui:

Los bastardos
Un certain regard
Niveau +1

Lire la critique du film « Los bastardos » par Olivier Bachelard

Snow
Semaine Internationale de la Critique
Niveau P/C

Lire la critique du film « Snow » par le Lycée St Exupéry et Olivier Bachelard

Source: Olivier Bachelard

21/05/08

Partager cet article sur Facebook Twitter