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Cannes 2008: Jour 1 – Une expérience relativement pâle


Photo Cannes 2008: Jour 1 – Une expérience relativement pâleMercredi 14 mai 2008

23h00
Il y a quelques heures, le festival de Cannes a ouvert. Mathieu et Thierry étaient dans la salle, et c'est ce dernier qui relatera dans les paragraphes qui suivent, la cérémonie d'ouverture. Pour ma part, j'ai opté d'emblée pour la séance de nuit, cela me donnant un peu plus de temps pour préparer une édition particulièrement chargée.

23h30
Blindness
Compétition
Niveau +2

Le très attendu nouveau film de Fernando Meirelles, réalisateur colombien de « The constant gardener » et de « La cité de Dieu » (présenté à Cannes en séance de minuit) est une véritable expérience, qui a d'emblée divisé la croisette. Histoire flirtant avec le fantastique, dans laquelle une épidémie de cécité s'abat sur la société américaine, « Blindness » se transforme peu à peu en conte moral, dans lequel la solidarité et la vie en communauté se recréent progressivement, à l'intérieur d'un hôpital devenu une prison, improvisée par des autorités dépassée. Le parti-pris esthétique, jouant avec le blanc et les rares ombres que peuvent distinguer les aveugles nouveaux permet à Meirelles de conconter de nombreuses transitions des plus réussies, et d'installer une ambiance inquiétante du début jusqu'à la fin. Mais l'émotion a cependant bien du mal à percer, malgré les commentaires en voix off du véritable aveugle (Danny Glover) qui observe à sa manière les agissements de cette humanité qui se cherche. On reste donc un peu sur sa faim.

De l’autre côté de la télévision

Participer à la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, en direct, dans la salle, c’est vivre un rêve éveillé et passer, comme aurait dit Lewis Carroll, de l’autre côté du miroir. C’est ce qui m’est arrivé l’espace d’une soirée incertaine, indécidable, au confluent du désir et de l’ambition.

Le maître de cérémonie de cette année, Edouard Baer, ludion toujours aussi farfelu, l’a bien évoqué dans son très joli texte introductif, en parlant de ses soirées de petit garçon, passées à rêver de l’autre côté de la télévision, à se demander où vont tous ces gens qui montent les marches, où disparaissent ces jambes interminables qui n’en finissent jamais, où courent ces jeunes femmes russes avec des nonagénaires encore verts et tous ces détenteurs de cartes Gold, Silver et Superprivilège…

Eh bien, je peux vous le dire, puisque, pour une fois j’y étais, ils sont tous assis sagement dans une grande salle pour assister au déroulement d’une grande cérémonie rituelle qui annonce l’ouverture d’un événement culturel essentiel: le Festival de Cannes. Beaux, élégants ou du moins bien habillés, plus ou moins riches, plus ou moins cultivés, plus ou moins cinéphiles, (certains ne connaissent pas parfois la moitié des cinéastes sélectionnés), ils sont tous là, pour recevoir l’oracle d’une belle saison cinématographique.

N’oublions jamais que le Festival de Cannes est à la fois glamour et intello et que c’est bien le seul dans ce cas. Ce qui explique que le discours d’Edouard Baer, très drôle et joliment superficiel dans sa première partie, a fini par rendre hommage aux créateurs comme Lynch et Kusturica. Ce qui explique aussi que le jury mêle les créateurs les plus pointus de l’art cinématographique (Apitchatpong Weerasethakul) et quelques-unes des plus belles comédiennes apparues récemment (la très belle Alexandra Maria Lara, révélation de l’année dernière, dans « Control » et « L’homme sans âge » et évidemment Natalie Portman, la petite fiancée du cinéma qu’on ne présente plus), en passant par des créateurs qui se sont brillamment illustrés récemment, Marjane Satrapi, Alfonso Cuaron, Rachid Bouchareb, et Sean Penn, dont « Into the wild » a marqué un certain nombre de spectateurs en début d’année. Ceci explique aussi que Claude Lanzmann ait été désigné pour ouvrir le Festival, en faisant un discours presque aussi long que « Shoah » (!!!) et en rendant un vibrant hommage inattendu à Quentin Tarantino et à l’unité du cinéma.

Cette 61ème édition est placée sous le signe de la liberté, ce qu’a indiqué la fantastique chanson, « Freedom », interprétée par Richie Havens, avec un enthousiasme communicatif qui s’est propagé à tous les spectateurs dans la salle. Sean Penn, approuvant de sa belle tête brûlée, a serré dans ses bras cet artiste toujours vaillant qui officiait déjà à Woodstock. Une bande-annonce alléchante nous a également permis de visionner des extraits de tous les films sélectionnés en et hors compétition. Bien malin qui pourra dire les chemins de la liberté qu’empruntera le jury pour la désignation finale de ses lauréats.

Source: OB

15/05/08

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