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Cannes 2007 – Jour 7 – Reygadas agace autant qu'il fascine


Photo Cannes 2007 – Jour 7 – Reygadas agace autant qu'il fascineMardi 22 mai 2007

8h30 – Le scaphandre et le papillon (compétition +2)

Jean Dominique Bauby, rédacteur en chef d'Elle ouvre les yeux après avoir subit une attaque cérébrale. Il découvre peu à peu qu'il est totalement paralysé et n'a plus désormais que l'usage de la vue. Julian Schnabel, peintre et cinéaste, ouvre son film avec une série de scènes éprouvantes physiquement, correspondant à l'éveil de l'accidenté cardiaque. Filmées en caméra subjective, elles procurent au spectateur une sensation d'enfermement plutôt efficace, par touches d'images à la netteté partielle doublées de bruits organiques du type battements de coeur et de commentaires incrédules et acides de Mathieu Amalric.

Si la fin concernant la parution du livre dicté par l'homme à l'aide de sa paupière gauche, aurait pu éviter les citations de critiques favorables, l'émotion pointe son nez au travers des scènes impliquant la maîtresse, restée à distance, et l'ex-femme. Et cela donne une magnifique scène de conversation téléphonique, durant laquelle la femme joue les médiateurs, qui fait vite oublier tout petit écart sentimentaliste. Un témoignage difficile à oublier.

13h30 – La soledad (un certain regard -1)

Un ennui profond nous étreint à la vision de cette histoire chapitrée, réalisée par l'auteur des « Heures du jour », et qui décrit les relations entre trois soeurs et leur mère, en parallèle au destin d'une autre jeune femme. S'il a pour qualité de montrer comment chacun des multiples personnages agit en son propre intérêt, jusqu'à ce qu'un drame vienne le frapper et changer la donne, le film, de par sa lenteur descriptive et l'absence de paraboles, agace.

On sera forcément d'accord avec le discours sur l'évènement qui dans la vie des protagonistes, unit temporairement les solitudes, on se dit forcément que le réalisateur n'avait peut être pas besoin de deux heures et quart pour développer cela.

16h00 – Lumière silencieuse (compétition -1)

« Lumière silencieuse » est le nouveau film de Carlos Reygadas, déjà remarqué à Cannes pour « Japon » et surtout le décrié « Batalla en el cielo ». Situé dans une communauté mennonite du nord du mexique et tourné en hollandais, il expose une basique histoire d'adultère, d'absence de culpabilité, aux conséquences forcément néfastes. Et entre raisonnements comtemplatifs et lenteur narrative appuyée, le spectateur finira par se décourager.

Aucune passion en effet dans ce film qui relate les décisions raisonnées de ces hommes et femmes ayant apris à ne jamais exprimer d'émotion négative. Même les étreintes décrites comme de grands élans, sont sidérantes de lenteur et de calcul. Et même si l'entrée dans cet univers fait de religion et de possibles miracles se mérite, nécessitant une temporalité autre, on se dit tout de même que le film aurait mérité une heure de moins.

19h30 – La France (quinzaine des réalisateurs 0)

« La France » (qui vient d'obtenir le prix Jean Vigo) est un film bien français, contrairement à ce qu'affirme son auteur. Avec des interprètes qui jouent « comme au théâtre », déclament sans aucune âme, voir jouent mal, tout simplement, on se retrouve d'emblée dans des contrées bien connues du cinéma art et essai la française. Heureusement, le jeune réalisateur fait preuve de nombreuses idées de cinéma et crée un décalage issu d'un irréalisme volontaire, avec notamment d'ahurissants passages chantés, dont les textes, malheureusement forts référencés et assez abscons au niveau sens, agacent autant qu'ils amusent.

On ne croit pas un seul instant à ce récit qui force une Sylvie Testud amoureuse à se déguiser en garçon pour rallier le bataillon de son soldat de fiancé. Les développements sont originaux, mais l'on en viendra malheureusement à un twist final déjà usité de nombreuses fois ces dernières années. On pense du coup nécessairement à « La tranchée » avec Jamie Bell, le style et l'angoisse en moins...

22h30 – Chop Shop (quinzaine des réalisateurs +1)

Encore du déjà vu également côté quinzaine des réalisateurs, avec l'histoire d'un adolescent de la banlieue de New York qui vit de nombreux petits jobs et de combines, et qui découvre un jour que sa soeur se prostitue. A la limite du documentaire, servi par des acteurs non professionnels, « Chop Shop » conte un éveil à la réalité, et un apprentissage du courage et du positivisme au quotidien. On se retrouve en milieu connu, récit de la vie en bidonvilles... ici remplacé par le fond d'un garage. Rien de bien nouveau, ni sur le fond, ni sur la forme.


Dans d'autres sections:

Boulevard de la mort (compétition)

Lire la critique de "Boulevard de la mort"

La guerre (The war) (hors compétition +2)

Lire la critique de La guerre par Olivier Bachelard

Source: OB

23/05/07

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