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Cannes 2007 – Jour 6 – Le choc venu d'Autriche: Import Export


Photo Cannes 2007 – Jour 6 – Le choc venu d'Autriche: Import ExportLundi 21 mai 2007

8h30 – XXY (semaine de la critique +2)

Un couple de médecins s'installe avec leur fils, chez des amis, dont la fille a bien du mal à affirmer sa sexualité, du fait d'une malformation génétique qui fait d'elle un hermaphrodite. Soulevant le problème de l'identité sexuelle et relativisant la necessité de choisir, « XXY » se veut un film tolérant. Le pari est réussi, avec malheureusement une pudeur qui semble s'estomper au fil du film, ce pour mieux montrer la confusion dans laquelle nage la jeune fille.

11h00 – Tehilim (compétition 0)

Rattrapage du film israélien, histoire d'une famille dont le père disparaît mystérieusement, après un accident de voiture. Incompréhension, mystère, enlèvement potentiel, disparition volontaire, rien ne nous sera dévoilé. Cette absence de réponse tangible place le spectateur dans la même situation que la famille, dans et autour de laquelle s'affrontent des conceptions différentes du destin et de la religion. Si les adultes résistent, ce sont les enfants qui souffriront, en découvrant notamment que les meilleures intentions ne suffisent pas et ne sont pas forcément compatibles avec une application stricte des dogmes religieux. Un film lent et austère.

13h30 – Paranoïd Park (compétition +2)

Gus Van Sant revient avec un film sur le milieu du skate board, sous forme d'enquête autour d'un supposé meurtre d'un vigil retrouvé non loin du terrain de skate « paranoïd park » découpé en deux par un train. Autour du garçon dont on suit dans le désordre les agissements lors de la soirée clé, et durant l'enquête, l'étau se resserre peu à peu, montrant une certaine inconscience et pointant un nécessaire apprentissage de la responsabilité.

On reconnaît la touche du cinéaste, au travers d'un scénario cruel, mais aussi du montage faisant se croiser les temps, et des ralentis accompagnés de musique, utilisés ici pour montrer la fascination pour le skate board. Mais « Paranoid Park » s'avère du coup sans grande surprise, instillant pourtant une ambiance empoisonnée dans ce monde bien lisse des lycées.

16h00 – Import Export (compétition +3)

Premier véritbale choc de la compétition, « Import Export » divise le public cannois. Une jeune ukrainienne vient en Autriche pour échapper au porno live et à son métier d'infirmière bien mal considéré. Elle n'y trouvera que mépris et suspicion envers ses intentions. De manière symétrique, un employé de société de sécurité autrichien, régulièrement licencié, part avec son père en ukraine. Ils y exportent une certaine perversion, profitant de leur pouvoir d'achat pour notamment humilier des filles en mal de finances.

Avec un volontaire manque de tact, le scénario montre comment la générosité peut se heurter à un refus flagrant d'intégration. Ici l'infirmière aide les petits vieux dans un hôpital où elle travaille en tant que femme de ménage, alors qu'elle n'a pas le droit de toucher les patients, ni même de les soulager. De même, il fustige le désoeuvrement et les conséquences des différences de niveaux de vie, en écrasant au passage un rêve d'ouest iddylique. On rit jaune face à ce désenchantement généralisé, notamment avec les scènes à l'hôpital, montrant sans complexe de bien malheureux petits vieux. Un film résolument tourné vers l'échec et la mort... à la fois implaccable et choquant.

19h30 – Un coeur invaincu (hors compétition +1)

Le nouveau Michael Winterbottom (« In this world », « 24 hour party people ») déçoit, malgré un sujet en or, basé sur l'ouvrage de Marianne Pearl, épouse française du journaliste américain Daniel Pearl, décapité par les talibans. Voulu comme un témoignage coup de poing, « Un coeur invaincu » est filmé tel un reportage, caméra à l'épaule, plongeant le spectateur dans quelques scènes de descente de police efficaces. Mais son scénario ne réussit pas à provoquer l'émotion, appuyant trop sur la douleur de la femme (un peu moins de cris eut été préférable), alors que d'autres scènes, comme le visionnage de la cassette vidéo étaient plutôt sobre et donc plus percutantes... Reste que l'actrice principale, Angelina Jolie, s'en sort cependant plutôt bien et en vient à ressembler étrangement à la journaliste, présente le soir lors de la présentation du film.

22h00 – Et puis les touristes... (un certain regard +2)

Ce film allemand s'ouvre avec une vision surprenante d'Aushwitz, sous le beau temps et bardée de touristes. Un jeune allemand y sera employé en service civil (il est à moitié volontaire, car il aurait préféré aller ailleurs...) pour animer des ateliers pédagogique. Traitant de la confrontation d'un monde de communication à la vie rangée d'un témoin de l'époque, que le garçon doit aider au quotidien, « Et puis les touristes... » est le récit d'une prise de conscience autant qu'une chronique d'un découragement annoncé.

Dans d'autres sections:

Après lui (quinzaine des réalisateurs +3)

Lire la critique du film Après lui par Olivier Bachelard

Boxes (hors compétition +1)

Lire la critique du film Boxes par Olivier Bachelard

Source: OB

22/05/07

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