Mercredi 13 février 2008
Kabei – Our mother
(9h00)
Compétition
Niveau -2
Adapté d'un récit autobiographique, « Kabei » relate l'histoire d'une famille japonaise dont le père, professeur et écrivain, est emprisonné dès 1940 pour avoir critiqué l'Etat. Sans aucun relief ni point de vue, la réalisatrice nous dépeint le quotidien de la mère et ses deux filles, au travers notamment des moments passés avec un élève du père, le grand père policier intolérant et l'oncle profiteur. Elle esquisse à peine le contexte politique et ne montre surtout pas les difficultés liées à la guerre ou les terribles conditions d'emprisonnement. Du coup, on désespère qu'il se passe quelque chose dans cet univers d'une fadeur sans nom, où même la petite fille qui nous sert par moment sa voix off n'a pas l'air impliquée. Tout semble irréel, pleurnichard et résigné, sans la moindre once de passion, même raisonnée. Une bien plate illustration.
Caos calmo
(12h30)
Compétition
Niveau +3
Alors qu'il joue sur la plage avec son frère, la femme d'un patron de groupe audiovisuel décède par accident. Bouleversé, il décide alors de prendre soin de sa fille et notamment de rester toute la journée face à l'entrée de l'école de sa fille, sur l'un des bancs d'une petite place. Nanni Moretti est le principal protagoniste d'une aussi séduisante que bouleversante fable autour du deuil. Rapidement on se dit que la petite fille gère mieux que lui la disparition de la mère, et que quelque part les rôle vont s'inverser. Mais c'est surtout le retour à des choses simples, au moindre détail de la vie, à ce qui a vraiment de l'importance qui touche. Car cet homme va à nouveau s'ouvrir aux autres, découvrant tout un microcosme autour de cette place qui devient son lieu de vie et de travail. Surréaliste, « Caos calmo » (le chaos tranquille) doit beaucoup à l'ensemble de son casting et à un montage qui rend dynamique un lieu pourtant restreint. A voir absolument.
Conférence de presse:
Caos calmo
Antonello Grimaldi, Nanni Moretti, Isabella Ferrari, Valeria Golino, Allessandro Gassman, Blu Yoshimi, Kasia Smutniak
3 points à retenir:
- le deuil est selon Antonello Grimaldi un prétexte qui permet au personnage de s'arrêter, et de se taire, en contraste avec son métier dans l'audiovisuel
- l'idée de la place devant l'école existait déjà dans le livre, mais le personnage restait toujours à l'intérieur de sa voiture. Ceci n'étant pas très cinématographique, les auteurs ont opté pour un banc au lieu de l'habitacle
- pour se sentir plus à l'aise, la petite fille (Blu Yoshimi) a « regardé chacun des personnages et l'a comparé avec des gens proches » comme sa meilleure amie par exemple. Elle faisait alors comme si elle s'adressait à eux. Pour Nanni Moretti, elle faisait comme si c'était... sa mère !
Lady jane
(16h00)
Compétition
Niveau -1
Alors que le film de Robert Guédiguian était sélectionné à Bron, celui-ci a reçu sa confirmation pour la compétition berlinoise. On ne peut pas dire pour autant que notre cinéaste marseillais préféré soit très à l'aise avec le film de genre. D'autant plus qu'il garde sa famille de comédiens habituelle (Ariane Ascaride, Gérard Meylan et Jean Pierre Darroussin), qu'on a certes plaisir à retrouver, mais bien du mal à trouver réellement crédibles, surtout quand l'auteur essaye de nous faire croire qu'ils n'ont aucune idée de ce qui se passe. Le spectateur, lui, ayant toujours une longueur d'avance, alors que la police, reste étrangement absente des agissements de ce gang peu probable. Suspense artificiel, explications laborieuses autour de l'assassin du fils d'une Ascaride fière et pas si repentie: rien de bien brillant.
Filth and Wisdom
(21h30)
Panorama
Niveau +1
Les hurlements se font entendre à l'extérieur, les flashs crépitent. Cette après midi j'ai renoncé à me rendre à la conférence de presse, certes parce que je n'aime pas voir le film après, mais aussi considérant le nombre de personnes faisant déjà la queue, une heure et quart avant l'arrivée de la madone. Je me faufile dans la queue des porteurs de tickets et trouve une place près de l'entrée. Les organisateurs ont bien du mal à faire s'assoir des spectateurs dont la plupart restent debout pour apercevoir la star. Elle monte sur scène, remercie son équipe et affirme que parfois « les rêves deviennent réalité ». Contrairement aux autres équipes reçues au Panorama dans la salle du Zoo Palast, elle ne reviendra pas à la fin. Le film commence.
Début face caméra, un apprenti rockeur venu d'Ukraine et installé à Londres affirme qu'il ira droit au Paradis, mais que dans chaque personne il y a deux facettes. Pour gagner leur vie, l'homme et ses deux colocataires, font d'étranges boulots: lui donne dans la domination SM, la seconde devient stipteaseuse, tandis que la dernière, friquée, préfère travailler dans une pharmacie tenue par un pakistanais, et y voler des pilulles. Madonna signe ici une comédie underground, où chacun des personnages, aussi paumé qu'il soit, finit par recevoir son « enveloppe », cadeau providentiel qui transformera sa vie. Les dialogues et situations sont plutôt bien écrits, même si l'on ne peut pas s'empêcher de penser que le goût de la provoc est décidément le fond de commerce de la dâme. La peinture sociale est plutôt clichée (ah, la bruyante famille pakistanaise de 5 enfants), mais les substituts à l'amour que chaque personnage s'octroie ont de quoi faire réfléchir (un manteau, un portrait, un bâton de maitre d'école...). « Subsitute for love », ça n'était pas d'ailleurs un titre de chanson de Madonna? Je crois bien que si...
Happy go lucky
(23h30)
Compétition
Niveau +2
Le réalisateur anglais Mike Leigh est de retour au meilleur de sa forme avec une vraie comédie, généreuse et humaine. Celle-ci met en scène une trentenaire perpétuellement de bonne humeur, qu'elle se fasse snober par un vendeur bougon ou voler son vélo. Son look très étudié, fait d'une ou deux couleurs très flashy, surprend autant que celui de sa soeur ou ses copines de sorties, toutes d'une superficialité apparente. De cette bonne humeur protectrice, manière de jamais réellement entrer en contact avec les autres, elle devra sortir pour s'intéresser aux autres. Et ce sont ces rencontres obligées qui intéressent le réalisateur de « Secrets et mensonges » (Palme d'or) et « Vera Drake » (Lion d'or), dont celle, récurrente et pessimiste avec le professeur d'auto école. Je ne crois pas que le film, trop léger, ai vraiment ses chances pour l'Ours d'or, mais l'actrice, Sally Hawkins, pourrait bien être distinguée.
Source: OB
14/02/08
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