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Berlin 2007 - Jour 9 – Jiri Menzel surprenant d'ironie face à une J Lo politique dans un film navrant


Photo Berlin 2007 - Jour 9 – Jiri Menzel surprenant d'ironie face à une J Lo politique dans un film navrantVendredi 16 février 2007

I Served the king of England
Compétition
niveau +3

L'un des derniers films en compétition nous vient du réalisateur tchèque Jiri Menzel, et fait preuve d'un courage politique incontestable, allié à un humour pince sans rire et une ironique bienvenus. On y suit l'histoire d'un vieillard, qui, sorti de prison et cantoné dans une ancienne maison d'hôtes qu'il tente de retaper, raconte son passé de serveur en voix off, et en direct à une ravissante jeune femme. De ses passages dans des hôtels diverses, plus proches parfois de lieux de débauche, à ses amours, le récit mêle l'histoire du pays (dont la capitulation face aux allemands) et histoire intime (comment il séduit des filles superbes, et fait des compositions florales ou autres sur leur corps), affichant humour et romantisme.

Et il épingle au passage la compromission (face au pouvoir), la vanité (de certains serveurs), les moeurs légères (des hommes âgés) et la dépendance à l'argent (des gens les plus riches). Son espiègle héro est interprété avec brio par un tout petit homme, qui suit sa chance et certains signes pour prendre des décisions appropriées. S'il se fourvoit avec une allemande hitlérienne, il saura faire sa place, de l'avant guerre au communisme, sans jamais sourciller. Une très belle fable.

Hallam Foe
Compétition
niveau +2

Tout droit venu d'Ecosse, 'Hallam Foe', du nom de son héros de jeune homme, est une histoire de passage à l'âge adulte. Confronté à la mort de sa mère deux ans plus tôt, rapidement remplacée par une superbe femme des plus glaciales (Claire Forlani), Hallam a bien du mal à s'envisager un avenir. Contraint par un chantage de s'en aller pour Glasgow, il va y trouver un emploi suite à sa rencontre avec une jeune femme qui ressemble beaucoup... à sa mère. Se battre pour avoir se que l'on désire, affronter les autres, prendre position, laisser le passer derrière soi, sont autant de leçon que le jeune homme va devoir intégrer pour avancer.

Esthétiquement impeccable et sombre, le film débute par un générique en dessin animé, où l'oisillon sorti de l'oeuf est confronté à tout un tas d'ennuis, d'obstacles et d'autres bestioles. Parabole sympathique des déboires à venir d'Hallam, il est aussi une respiration indispensable dans ce récit aussi noir que bourré d'humanité. Chacun des personnages est pleinement crédible (Jamie Bell – Billy elliot – en tête, à la fois retord, incompris et plein de ressources), et le choix de la caméra à l'épaule, le plus souvent employée, s'avère judicieux pour suivre les facéties de notre voyeur accrobate de héros (il passe son temps sur les toits). Une autre vision de la ville et de son foisonnement, symbole de ce qu'est la vie.

Bordertown
Compétition
niveau 0

Grosse déception du côté de la compétition, avec 'Bordertown' film au sujet en or, qui rate complètement sa cible. Basé sur des faits divers (la disparition et le meurtre de jeunes filles dans une ville frontalière du Mexique, où sont installées nombre d'usine détaxées...), le film accumule les clichés sur le journalisme d'investigation, comme sur la société mexicaine, et s'enlise dans un récit degré zéro, qui n'approfondit aucun des sujets hautements politiques qu'il aborde. Préférant nous gratifier de scènes d'actions à la limite du ridicule (J Lo qui courre dans une casse à voitures et tombe sur un charnier, ou qui plante sa voiture en pleine circulation pour rechercher la jeune fille qui a survécu au tueur dans l'un des quartiers les plus animés de la ville...), le réalisateur use et abuse d'inserts inutiles, du bon vieux trauma à l'image jaunie (forcément, c'est le passé).

Aucune piste ou hypothèse n'est ainsi réellement développée, qu'il s'agisse des liens entre police et notables locaux, du problème des détaxtes, des influences politiques sur le liberté de la presse. Ceci est d'ailleurs bien dommaga car le scénario aurait pu exploiter intelligemment la supposée confusion entre réalité et croyances religieuses déformées (el diablo). Au lieu de cela, on nous montre dès le début la tête du tueur. Du coup, tout se résume à un numéro de bon samaritain de la journaliste américaine venu sauver la patite mexicaine, Jennifer Lopez. Et le comble, c'est qu'on ne cherche même pas à nous le cacher, puisque les choses sont dites telles quelles dans la scène où son rédacteur en chef la félicite au téléphone 'pour l'humanité' de son article. Pathétique.

No regret
Panorama
niveau -1

L'histoire d'amour de deux garçons coréens. L'un est devenu escort dans une boîte dénommée le Xlarge, l'autre travaillait à la direction de l'entreprise qui a licencié le premier, et l'avait croisé dans un taxi. L'un des premiers films ouvertement homo venu de Corée. Relativement démonstratif en terme de scènes de sexe, traitées avec filtres, 'No regret' aligne tous les clichés et défauts des films traitant de l'homosexualité d'avant les années 90 (mariage forcé, suicide, violentes remises en question...). Mais il est aussi très (trop) fleur bleue. Les garçons y sont donc forcément malheureux et leurs amours impossibles: ouille.

Source: Olivier Bachelard

17/02/07

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