Mercredi 14 février 2007
Beaufort
Compétition
niveau +1
Ce film israélien est le récit des derniers jours qui ont précédé l'abandon d'une place fortifiée ancestrale située au Liban, Beaufort, occupée par Tsahal de 1982 à 2000. Malgré un discours sous-jacent sur l'absurdité de la guerre, le scripte mettant en avant les attentes interminables, les décisions irresponsables pour la survie des hommes et la ridicule facilité des solutions de protections à base de béton (référence ouverte au mur récemment mis en place pour protéger les colonies juives), le film ne décolle jamais, s'avérant à la fois longuet et poussif dans sa démonstration.
Certes, ces morts symbolisés par une plaque de métal indissociable du fort, sont emblématiques de ces 18 ans pour rien, mais d'autres, comme Amos Gitai, ont déjà illustré le propos de manière bien plus efficace et traumatisante. Ici l'ennemi est invisible, tout juste perceptible au travers d'anonymes missilles dont on perçoit le rituel du sifflement et de l'annonce au haut parleur. L'ambiance est pesante, mais peut être pas assez et malgré des acteurs impeccables, entre doutes et engagement aveugle pour certains, le film s'enlise irrémédiablement.
Yella
Compétition
niveau +2
Après avoir trouvé un travail ailleurs, une jeune femme décide de changer de vie, de s'éloigner de son ex-petit ami violent. Mais l'entreprise qui devait l'employer est mise en dépôt de bilan. Coincée dans l'hôtel où elle séjourne, elle fait la connaissance d'un mystérieux homme d'affaire. De ce pitch de départ, le réalsiateur allemand fait un thriller inquiétant, jouant sur l'ex petit ami menaçant qui revient la tourmentée à son hôtel, et le caractère distant et mystérieux du sournois homme d'affaire.
La mise en scène, assez brillante, nous plonge dans une ambiance à la limite du suréalisme, où les comportements des personnages, les étranges combines alliées aux amusantes disertations sur la manière de faire douter les gens avec lesquels on négocie, les bruits d'eau qu'entend la jeune femme, comme le cri du corbeau qui survolait son corps lorsqu'elle est sortie de la rivière où l'avait plongée son ex au début du film, font que l'on sent rapidement que quelque chose ne semble pas tourner rond entend. Rêve, réalité, fantasme, désirs, tout se mélange peu à peu. Et le twist final, s'il n'a pas grand chose d'original, clos un film cohérent servi par deux interprètes convaincants.
300
Hors compétition
niveau +1
Le récit épique de la bataille des thermopyles, durant laquelle 300 soldats spartiates accompagnèrent leur Roi Leonidas, pour tenir tête aux millions d'hommes de l'armée perse, était l'un des films les plus attendus du Festival. Et l'accueil à la projection de presse, pleine à craquer, fut assez mitigé. D'abord parce que l'on peut dire que le scénario tient sur un post it, le seul enjeux véritable du fim étant de savoir si le potentiel traitre, le plus laid bien entendu des spartiates, va trahir ou non les siens.
Picturallement superbe, inspiré du travail de Frank Miller, déjà mis à contribution sur Sin City, le film baigne dans une ambiance suréaliste, ciel et décors sombres et torturés étant assortis avec le noir destin annoncé pour les fameux guerriers par l'oracle consulté. Les visages et les yeux ont été retravaillés pour verser dans la noirceur, les décors articiels sont impressionnants surtout en matière de paysages. Et les hommes musclés, parfaitement mis en valeur sculpturalement parlant, mais épillés sur tout le corps, occupent l'écran de manière assez obsessionnelle. Ils transpercent vaillemment leur adversaires de leur fières et droites lances! Les psychologues y verront certainement un symbole sexuel, mais nous ne nous engagerons pas plus loin sur ce chemin...
Le méchant, lui, est noir... et les rires fusent lorsqu'il apparaît dans son accoutrement fait de piercings et de joyaux... d'autant que sa manière d'approcher le viril héros, évoque de douteux moeurs de la part de celui qui se prétend divin. Côté dialogues, on est forcé de sourire parfois, et les traits d'humour du Roi ne sont pas forcément les bien venus, car ils rompent avec le sérieux de l'histoire et anéantissent tout sérieux et potentiel dramatique. Au final, on se dit que le metteur en scène de 'L'armée des morts' n'assume pas jusqu'au bout ses choix. Montrer de la boucherie (efficace en diable, avec ses giclées de sang esthétisées), commentée en voix off par d'ardents principes d'éducation basés sur l'absence de coeur, c'est une chose, mais malgré quelques ingrédients tragiques, et un discours final plus ouvert, le tout a du mal à être prise au sérieux.
Loin d'elle
Panorama
niveau +4
Le premier film de Sarah Polley (actrice révélée par 'De beaux lendemains' d'Atom Egoyan) en tant que réalisatrice, traite de la maladie d'Alzheimer, au travers de l'histoire d'un couple, dont la femme décide d'intégrer une maison spécialisée. Film canadien, 'Loin d'elle' approche avec finesse et tact les relations entre les deux amoureux de 44 ans, offrant un très beau rôle à Julie Christi et surtout à Michael Murphy, dont la douleur est lisible sur le visage, tout comme son coeur en miette, lorsque sa femme commence à ne plus le reconnaître.
Bourré de paraboles intéressantes, comme celle de la maison dont les fenêtres s'éteignent, parallèle avec le cerveau malade dont certaines fonctions s'arrêtent, 'Loin d'elle' offre également de magnifiques images d'une nature enneigée, le couple ayant l'habitude de faire du ski de fond ensemble sur un lac gelé. De parallèles, leurs chemins se séparent au début du film, mais se retrouvent à la fin. Belle image.
Mais le film est aussi critique, des trente jours d'isolement des patients, qui facilitent plus la vie de l'équipe de soin, mais pas forcément celle du malade, qui perd ses repères, ni de la famille. Il fustige la séparation et la perte de mémoire, qui peut être simulée et interprétée comme une punition par les proches qui auraient des choses à se reprocher. Le scénario, subtile, mêle les craintes les plus intimes de chacun, et cela donne un film, simplement déchirant. Espérons que le distributeur arrivera à monter la tournée province prévue en France.
Interview
Forum
niveau +2
Steve Buscemi réalise ici le remake d'un film Neerlandais de Théo Van Gogh, et interprète lui-même le rôle du journaliste politique contraint d'interviewer une starlette plus célèbre pour ses frasques sexuelles que pour ses films. L'entretien, commencé dans un restaurant, puis par un hasard de circonstances, devient une discussion privée dans l'appartement de la jeune fille, et se transforme en bataille rangée, alliant flirt et harcèlement psychologique réciproque.
Intelligent, le scénario ne situe jamais la part de comédie et de vérité dans les agissements de chacun, recélant ainsi quelques surprises de taille. Les joutes verbales (du type, lui: 'je ne sors pas avec des célébrités', elle 'ne sort pas avec des inconnus qui ne sont personne') sont un vrai délice et la rencontre entre cette jeune actrice affriolente et pas aussi bête qu'elle en a l'air, et ce journaliste sûr de lui, pédant, se sentant culturellement supérieur s'avère révélatrice des failles de chacun. Intéressant.
Source: Olivier Bachelard
15/02/07
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