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Berlin 2007 - Jour 5 – Un vagin des plus étonnants: Teeth


Photo Berlin 2007 - Jour 5 – Un vagin des plus étonnants: TeethLundi 12 février 2007

When a man falls in the forest
Compétition
niveau +2

« When a man falls in the forest » nous conte à la fois le quotidien d'un homme en crise, de son couple qui ne se comprend plus, et celui d'un agent d'entretien, coincé, qui n'arrive pas à s'ouvrir aux autres. Chacun porte sa croix (un accident, la fatigue, une beauté qui se fâne...) dans ce film profondément humain, où l'émotion peine tout de même à éclore... Il s'agit pour le mari, qui espère secrètement renouer ses liens avec sa femme, de faire un essai avec un ami perdu de vu depuis près de quatre ans, pour se donner du courage. Ou pour mieux se regarder en face, puis de communiquer, ou d'essayer.

Désenchanté, le film fait la part belle aux acteurs. Sharon Stone y trouve un rôle magnifique, en femme qui doute de sa beauté, se sent peu à peu dépérir dans l'absence de regard des autres. Presque méconnaissable, elle livre une superbe scène d'espoir déçu, dans une allée d'un centre commercial, lorsque son mari qui aurait envie de relancer la machine, de redevenir entreprenant, elle s'écroule car elle n'y croit plus. Thimothy Hutton (« Des gens comme les autres » de Robert Redford) fait un retour remarqué, son regard clair empli de tristesse et d'une salvatrice lueur d'espoir. Quant au dernier interprète, il fait office de concurrent dans la course au prix d'interprétation, tant son rôle d'associal est emprunt d'un jeu subtil, mêlant caractère craintif à outrance, tics discrets et gentillesse simplette.Un film au malaise lancinant, qui vous accompagne quelques temps.

Les témoins
Compétition
niveau +2

André Téchiné nous livre sa version des premières années du sida, à partir de l'histoire d'un couple, de leur ami homo et de son jeune protégé, dont les destins seront intimement liés sur près d'une année et demi. Autour de ces quatre personnages, dont la tolérance va être mise à l'épreuve, il construit un récit en trois parties, divisé en deux étés et un hiver (le bonheur, la guerre et le recommencement).

Lucide, son film aborde sur un ton juste divers aspects de la sexualité. Du vieil homo qui avoue que la véritable discrimination, c'est l'âge, au couple libre qui a des amants, mais n'en parle pas... il se sert du sida comme catalyseur, lien obligatoire entre un médecin et son ami espéré, et sujet qui oblige à se poser la question de l'adultère et des pratiques de chacun, de par ses implications possibles.

En tête d'affiche, Johan Libereau (Douches froides ») confirme son talent, en jeune homo souriant et pas malheureux pour deux sous. Il nous offre une vision positive d'un garçon courageux, ce qui n'est pas si courant. Béart, Blanc et Bouajila complète le quatuor. Téchiné, lui, filme toujours aussi bien l'été, et crée un contraste vif entre les chapitres, entre beauté et chaleur des extérieurs (notamment de la partie située au bord de la mer) et la pluie et morosité de l'hiver et des combats intimes qui s'y déroulent. Si l'on en ressort pas bouleversé, son récit remue tout même quelques souvenirs et rappelle que la maladie est toujours là.


Tout refleurit
Forum
niveau -1

« Tout refleurit » est un documentaire sur la méthode de travail de Pedro Costa, réalisateur portugais, et notamment le tournage de son dernier film « En avant jeunesse », présenté à cannes l'an dernier et toujours inédit en France. De ses prises de vues répétées jusqu'à 40 fois, à ses hésitations devant la table de montage, nous avons droit à des scènes aussi interminables que celles de son film. Tout cela pour montrer finalement une certaine absence de méthode, et une action à l'instinct. J'abandonne...


Teeth
Panorama
niveau +2

Une adolescente, qui fait partie d'un groupement de jeunes pour la conservation de la virginité et de la pureté jusqu'au mariage, découvre, horrifiée, que son vagin a des dents, et peut donc, mordre! Pitch assez déroutant pour un film présenté dans un festival généraliste, « Teeth » lorgne du côté du film pour ados. Le scénario se moque gentillement des supporters de la virginité à tout prix avant le mariage. Il met le personnage principal face à face avec ses propres pulsions. Et s'il lui fait intelligemment garder son idéalisme au départ, même dans sa première perte de pucelage, il lui fait perdre peu à peu son innocence, jusqu'au sourire final. Et celui-ci en dit long sur son pouvoir sur la gente masculine, dont elle a fini par prendre conscience...

Ahurissant, alliant quelques scènes assez gores, où des garçons se font emasculer (avec bouts de penis qui trainent parterre...) et un humour noir assez dévastateur, « Teeth » signe l'heure de la vengeance de la gente féminine. Usant du mythe répendu du Vagiana Dentata, il reste cependant une gentille comédie visant certainement un public facile à choquer.

The home song stories
Panorama
niveau +2

Précédée d'une excellente rumeur depuis le début du festival, « The home song stories » est une chronique familiale, autour du portrait d'une mère d'origine chinoise, immigrée en Australie. Celle-ci est dépeinte comme une arriviste notoire, à la fois instable et manipulatrice, au travers des yeux de ses deux enfants, forcés de l'accompagner dans ses errements d'amant en amant. Jamais stabilisé en un lieu, même si elle revient plusieurs fois auprès de son mari de marin, elle semble passer son temps à profiter des autres, sans aucun scrupule. Ainsi, elle se fait des amis pour pouvoir manger, ou héberge son amant dans la maison de son mari, sous les yeux de sa belle mère...

Offrant une réflexion sur la recherche du bonheur et de la stabilité, le récit fait preuve d'un humour certain, impliquant le désarroi des enfants, qui doivent appeler chacun des nouveaux père leur « oncle » et qui font de drôles de rêves pour sortir de leur quotidien. En tête d'affiche, on y retrouve Joan Chen (« Twin Peaks » la série) en jolie femme, lucide sur son rôle et sa décrépitude à venir. Partiellement autobiographique, ce film est à la fois un cri de haine et d'amour envers une mère que le réalisateur avoue ne jamais avoir comprise.

Complément:

Chronique d'un scandale
Hors compétition
niveau +2

Judy Dench est absolument terrifiante en professeur calculatrice qui se prend d'une douteuse et envahissante amitié pour l'une de ses collègue interprétée par Cate Blanchett.

Lire la critique: CHRONIQUE D'UN SCANDALE

Source: Olivier Bachelard

13/02/07

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