Dimanche 11 février 2007
In memoria di me
Compétition
niveau -1
« En mémoire de moi-même » est le seul film italien de la compétition 2007. Mettant en scène un jeune homme qui décide d'entrer dans les ordre, nous donne à voir de l'intérieur, le mode de vie austère et les réflexions philosophiques imposées lors du séminaire, situé ici à Venise. Rapidement l'ambiance du lieu et le silence deviennent difficilement supportables pour le personnage, qui va, tout au long du film, s'interroger sur les agissements de certains de ses frères, et sur sa véritable vocation.
Et si le réalsiateur essaye de tourner cela en thriller, il échoue là où Bellocchio avait parfaitement réussi avec « Le sourire de ma mère », à insuffler une quelconque tension à son récit. Avec un seul plan véritablement intéressant, à contre jour, de ce couloir aux multiples portes, donnant sur une lumière vive... dont on s'approche pour se rendre compte d'à quel point l'extérieur est vivant (au passage, excellent travail sur le son), le film ne fait pas dans la dentelle et livre une réflexion sur soi et sur la croyance, laborieuse comme dirait le critique Varierty, et surtout bien peu accessible au clampin moyen...
Goodbye Bafana
Compétition
niveau 0
Le grand retour de Bille August, double palme d'or à Cannes avec un sujet en or: l'accompagnement durant une bonne partie de ses 27 ans passées en prison, de Nelson Madela, par un officier – gardien de prison - parlant l'africaan... Le résultat? Un portrait de Mandela à peine esquissé, ses idées réduites à des extraits d'un manifeste pour la liberté (cité grosssièrement, notamment comme message de fin, avant de montrer la libération de Mandela, reconstituée...). Des conditions de détensions sur lesquelles on ne s'attarde pas, à peine esquissées au travers des scènes de parloir.
Bille August se concentre sur la séparation des proches, et les limitées conditions de communication... et sur le gardien et sa difficile vie de famille, ponctuée de nombreux déménagements et des menaces grandissantes sur elle, au fil de sa transformation progressive. Le tout est assez facile, et les personnages proches de la caricature. Ajoutez à cela quelques discussions pour expliquer l'arpartheid aux enfants qui frisent le grotesque, et vous aurez une idée du niveau de déception que peu générer ce film sans grande émotion.
Lettres d'iwo Jima
Hors compétition
niveau +2
Voici donc le deuxième volet de la bataille d'Iwo Jima signé Clint Eastwood, et vue cette fois-ci du côté des japonais. De très belles prises de vues plongent le film dans une ambiance teintée de gris, à l'image du fatalisme ambiant qui imprègne le film. L'arrivée d'un général qui sait manier les foules, flatter certains et aider les autres quand il le faut, y est dépeinte comme la dernière lueur d'espoir d'une troupe de soldats qui se sait piégée et donc condamnée à une mort certaine.
Courage, patriotisme et désespoir sont au coeur de ce récit où l'absence d'humanité en ces lieux désertiques entre en collision avec la volonté de chacun de vivre, encore un peu. Peu centré sur la bataille en tant que telle (l'assault ayant déjà été montré et détaillé dans « Mémoires de nos pères »...), le film se concentre sur les sensations et vécus de chacun, sur l'attente, la préparation au conflit. Eastwood nous livre ainsi une lancinante réflexion sur le courage, montrant la désertion et la cruauté des exécutions sommaires infligées par les américains, comme une certaine idée de l'honneur chez les japonais.
A chaque instant, on s'étonne de la patience développée par les soldats face au harcèlement des bombardements, un rien abrégés justement dans la version américaine de l'histoire. Et si le film est une réussite, c'est aussi grâce à la qualité de ses interprètes, Ken Watanabee (« Mémoires d'une Geisha ») au premier plan.
Lire la critique de Thierry: LETTRES D'IWO JIMA
Die Falscher
Compétition
niveau +3
Avant la guerre, un faussaire réputé se fait arrêter par la police allemande. Alors qu'il est enfermé en camp de concentration, l'ancien officier qui l'avait arrêté, lui fait rejoindre un groupe d'hommes qui ont pour mission de contrefaire les bons de la banque britanique et les dollars américains. D'une mise en scène subtile, « Die Falscher » met son prsonnage principal, juif d'apparence amer et calculateur, aux prises avec un cas de conscience impossible. Ne prenant pas lui même position au départ, il observe d'autres le faire, sabotant certains ingrédients permettant à l'encre de tenir sur le papier...
Plongeant son héros dans un monde un rien meilleur, le réalisateur montre comment les allemands jouant sur l'échange entre confort minimal et travail constructif pour le reich. Il met aussi son personnage central face à ses responsabilités, en mettant en avant d'inommables humiliations et leurs violentes répercussions durant lesquelles le son est mis en sourdine, comme après une déflagration d'importance. L'acteur principal (Karl Markovics), impressionnant de passivité, y laisse se déchaîner sa colère, sourde. Il est le premier prétendant sérieux au prix d'interprétation masculine.
Surveillance
Panorama
niveau +1
Un avertissement apparaît à l'écran dès le début de ce film anglais. Il indique que celui-ci a été tourné en vidéo et principalement au travers de prises de vues en caméra cachées ou de vidéo surveillance. Et on se réjouira que le film soit ainsi la preuve que l'on peut obtenir, avec un peu de soin, une très belle photographie, aux coloris soignés, à partir des caméras les plus basiques soient-elles.
Malheureusement, cette histoire d'un soir pour un jeune homo, qui assiste au transport du corps de son amant de photographe par son assassin qui va le jetter à l'eau, charrie un discours assez obscur sur la surveillance et le contrôle de la vie de chacun, le fait notamment de pouvoir à tout moment retrouver n'importe qui, n'importe où. Le récit patit d'un montage aux allers-retours incertains, qui font que l'on ne sait plus très bien qui intervient à quel moment, ni quel est le rôle de l'ex petite amie, prête à tout pour monter un reportage à sensations à partir de l'histoire de son ami. Elle semble avoir les clés de ce monde d'informations et d'images. Nous pas.
Source: Olivier Bachelard
12/02/07
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