© Olivier Bachelard
actrice, acteur et réalisateur
Quand on demande à Agnès Jaoui s'il a été difficile d'interpréter une actrice, elle répond que non. Ce n'est pas le fait d'être elle même actrice qui rend les choses difficiles, cela l'aide plutôt. C'est plus la figure imposée qui lui a posé problème. Car la grande actrice a souvent été figurée au cinéma, et il lui fallait se libérer des références, telles Bette Davis par exemple. Et la chose fut ardue au début. Dans le film, elle chante, comme le fait depuis 17 ans, avec le chant classique. Mais son rôle a surtout été l'occasion d'assouvir le fantasme d' « être blonde ». Pour elle qui est souvent cataloguée cérébrale, le fait de devenir un sex symbol était amusant. Elle y avait souvent pensé, elle s'y était essayé quand elle avait 12 ans, comme beaucoup de petites filles. Mais ici, cela était plus intimidant. Il y avait beaucoup de gens sur le plateau, y compris des visiteurs. Elle était gênée, car parfois les figurants étaient si amorphes qu'il était peu évident de jouer le glamour en face.
Concernant le casting, François Favrat, réalisateur dit avoir très rapidement trouvé les deux femmes, et Jonathan Zaccai. Il aurait pu inverser les deux rôles féminins, mais il voulait surtout une actrice que l'on n'attend pas dans le rôle de la journaliste. Et Karine Viar voulait jouer avec son image. Pour Agnès Jaoui, il s'agit d'un film où tous les seconds rôles sont également intéressants. Ils ont tous quelque chose à exprimer.
Lorsqu'on lui dit que finalement, dans le film, l'objet du désir, c'est l'homme, Jonathan Zaccai dit assumer parfaitement son image de bimbo. Mais il trouve que son personnage a tout de même son libre arbitre. Mais son personnage n'est pas selon lui un « vampire détestable » comme le qualifie un journaliste. Il est certes difficile à défendre, mais on comprend bien pourquoi il agit de la sorte. Ce sont un peu les autres qui provoquent sa manière d'être. Agnès Jaoui apprécie que pour une fois, on inverse les tendances.
A l'origine du film, il y avait surtout la relation entre les deux femmes. Le milieu du cinéma, comme toile de fond est venu naturellement, car le réalisateur connaissait. Pour Agnès Jaoui, le sujet central est le pouvoir du féminin, l'une jouant sur la séduction, l'autre sur la soumission. Mais c'est aussi qu'il y a des gens qui naturellement sont leaders, comme il est si bien dit dans le film « à côté d'une étoile, il y a toujours des trous noirs », des accompagnants. Ces deux femmes s'envient réciproquement. Elles sont en représentation, et envient le rôle de l'autre, car elles sont incapables de jouer sur le même plan.
Agnès Jaoui avoue avoir une inclinaison naturelle pour parler de la célébrité, ce qui est un point commun entre Le rôle de sa vie et Comme une image, son nouveau film de réalisatrice. Elle trouve que l'on ne le traite pas suffisamment, malgré la sur médiatisation récente des personnes, telles ces filles de 12 kg à qui les gamines veulent ressembler. Et si on leur demande s'ils ont eu eux-même des attitudes de fan, Jonathan Zaccai admet avoir juste arrêté Christopher Walken dans la rue pour lui dire le bien qu'il pensait de son travail. Le réalisateur admet se dévaloriser régulièrement, et se comporter en fan en générale. Quant à Agnès Jaoui elle nous conte son écriture d'une lettre au dessinateur du Fantôme du Bengale, lui disant que qu'il mourrait, elle espérait que quelqu'un d'autre continuerait son œuvre. Elle avoue, dans un rire discret, ne jamais avoir eu de réponse.
Le scénario a été principalement écrit par François Favrat, même si le traitement s'est fait à deux, et que deux autres personnes sont encore intervenu en relectures. Sa scène préférée, est celle du hammam. Elle a été très difficile à tourner, car les lieux étaient confiné. Et les techniciens ont longtemps hésité entre vraie vapeur et ses dangers d'électrocution, et eau vaporisée en fumée, et les risques d'être étouffé. Enfin il espère avoir su jouer avec le stress, pour que le spectateur ait l'impression qu'à tout moment, on peut basculer dans le thriller.
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