© Sophie Dulac Distribution
réalisateur
Abusdeciné a rencontré Frederick Wiseman, réalisateur du documentaire « La danse » sorti en France le 07 octobre 2009. Au cinéma Le Comedia, il nous confie son amour de cette discipline.
Pour lui, la danse est un art fascinant : toujours différent, éphémère, triste et beau qui demande énormément de discipline et de travail. Un travail très dur qu'on commence souvent très jeune (6 ou 7 ans) et qu'on finit aussi très tôt, à 42 ans au plus tard pour celles et ceux qui durent. Les danseurs ont un rythme soutenu de 225 jours de travail par an, décomposés en classes / répétitions / spectacles. Paradoxalement, ce travail intense et cette discipline de fer finissent par leur apporter beaucoup de liberté dans leur expression.
C’est cette fascination qui a amené Frederick Wiseman à contacter Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l’Opéra Garnier, pour lui proposer de tourner un documentaire. Elle a tout de suite dit oui et autorisé le cinéaste à aller partout dans les locaux, pour tourner ce qu’il voulait sans aucune restriction.
Le tournage a duré 12 semaines et a eu lieu en 2007, une bonne année selon le réalisateur grâce à une bonne programmation qui combinait danse classique et moderne. Les protagonistes (danseurs et personnels de l’opéra) ont très bien réagi à la présence de l’équipe de tournage, car ils ont accepté l’idée et ont rapidement ignoré la caméra. « Je ne demande rien aux gens, dit F. Wiseman, et par conséquent ils sont tout à fait naturels devant la caméra ».
Fidèle à sa façon de travailler, Wiseman est allé sur les lieux, vierge de toute idée préconçue et d'un quelconque scénario : « Au début, je n’ai aucune idée du film, j’essaie d’être ouvert sur tout ce qui se passe. Je veux que le film soit un rapport de tout ce que j’ai appris ». Il en est revenu avec 130 heures de film et a passé plus d’un an sur le montage !
Quand on lui parle de la réaction de Brigitte Lefèvre, qui s’est inquiétée d’être la seule à parler dans le film, Wiseman répond que c’est probablement parce qu’il a énormément d’admiration pour elle, pour le travail qu’elle accomplit en gérant une compagnie très complexe, d’une main ferme mais pas autoritaire. Dans un sens, ce film est une lettre d’amour pour cette institution. « C’est un endroit fascinant, j’ai beaucoup aimé le bâtiment et je pourrais le filmer pendant vingt ans !»
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