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réalisateur-scénariste
Journaliste:
Quel peut être le point de départ d'un film aussi touffu et riche ?
Terry Gilliam:
Il y a eu deux choses. Je voulais mettre dans un film, une sorte de condensé de tout mon travail. Et puis il y avait cette image d'une vieille roulotte dans un monde moderne, où les gens seraient trop occupés avec leur shopping, pour s'y intéresser...
Journaliste:
Jusqu'à quel point le Dr Parnassus peut-il être vu comme une transposition de Terry Gilliam réalisateur ?
Terry Gilliam:
C'est assez évident. Chaque personne qui fait des films souhaiterait avoir autant de réussite qu'un Spielberg ou Lucas. Moi aussi, je souhaiterais atteindre un large public, mais un public de passionnés. J'avais d'ailleurs oublié que la fin, hors de la gare à vendre des jouets, était un hommage à Méliès. C'est Thierry Frémaux qui m'a d'ailleurs rappelé que c'était justement la gare Montparnasse. Si c'est vrai... c'est amusant (rires).
Journaliste:
Est-ce que vous considérez qu'un cycle est bouclé avec cette synthèse de votre oeuvre ?
Terry Gilliam:
C'est intéressant. A la fin du tournage je n'avais pas d'idée de ce que j'allais pouvoir faire après, de quel projet pourrait me procurer autant de plaisir. J'ai commencé à retravailler sur Don Quichotte, et s'il évolue comme une sculpture, ce sera différent...
Journaliste:
Est-ce qu'il s'agit là du film dont vous, justement, vous aviez rêvé ?
Terry Gilliam:
Non. Parce notamment nous avons eu besoin de 3 acteurs différents. A cause du décès de Heath Ledger. Mais hormis l'idée du changement de visage lors du passage derrière le rideau, le scénario n'a pas du tout été modifié.
Journaliste:
Vous avez souvent eu de gros problèmes sur vos tournages. Est-ce que vous considérez qu'il s'agit d'une malédiction ?
Terry Gilliam:
(rires) Non, ça sera un peu toujours ma façon de faire des films. Car il faut le savoir, c'est difficile de faire du cinéma, même si le métier renvoi une image de facilité. Beaucoup de réalisateurs ont aussi eu des difficultés, mais eux n'en ont pas fait des documentaires...
Journaliste:
Si vous passiez derrière le miroir, vous choisiriez le bien ou le mal ?
Terry Gilliam:
J'ai vu ce qui arrive à ceux qui choisissent le mal... Mais parlons du choix. On vit dans un monde où on a l'impression du choix. Par exemple, Starbucks est le démon... moi je veux un café, c'est tout. Comme point de départ ici, on avait le fait de détester le "trop de choix", et le choix entre le bien et le mal. Mais dans la vie on peut toujours faire les mauvais choix, c'est différent du film où c'est le diable qui vous attrape.
Journaliste:
A quoi ressemblent vos rêves ?
Terry Gilliam:
Mes rêves sont très physiques. Je me réveille souvent épuisé. Il y a beaucoup de montagnes à franchir, de lieux à survoler...
Journaliste:
Est-ce qu'on peut voir dans le personnage du diable (Mr Nick) une incarnation des financiers d'Hollywood ?
Terry Gilliam:
Non. Mr Nick est bien plus intelligent (rires). Il doit être aussi agréable d'être lui...
Journaliste:
Pourquoi avoir choisi ces trois acteurs-là ?
Terry Gilliam:
Le premier fut Johnny Depp. Je l'ai appelé à la mort d'Heath Ledger, car c'était un ami. Il a dit que quel que soit mon choix, abandon ou non, il serait là... Il fallait d'autres amis d'Heath, des proches... cela a été aussi simple et compliqué que cela. Il ne pouvait pas y avoir un seul acteur remplaçant Heath. Et comme il y a trois traversées du miroir, on a pris trois acteurs. Mais Heath était toujours présent, y compris pendant les 6 mois du montage...
Journaliste:
Vous avez débuté avec des techniques d'animation rudimentaires sur les films de Monty Python. Qu'a changé la révolution numérique pour vous ?
Terry Gilliam:
J'ai ma propre compagnie d'effets spéciaux depuis "Sacré Graal". On a évolué des maquettes jusqu'au digital. En fait j'utilise simplement l'outil le meilleur ou le meilleur rapport qualité/prix.
Journaliste:
Pour finir, quel recul avez vous sur les questions politiques posées dans "Brazil" 25 ans après ?
Terry Gilliam:
Il y a deux ans, alors que je faisais la promo de "Tideland", j'ai dit que j'allais faire un procès à Bush et Dick Chesney pour avoir pillé "Brazil" (rires)...
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