un film de Olivier Peyon
avec: Cédric Villani, François Sauvageot, Anne Siety, Jean-Pierre Bourguignon, Jim Simons
Pour comprendre comment on déteste les maths, Olivier Peyon réalise un documentaire qui mène l’enquête sur l’image, la perception et l’impact des mathématiques sur notre société. Le film nous emmène à la rencontre des plus grands mathématiciens (dont Cédric Villani, médaille Fields 2010), qui nous font redécouvrir cette discipline avec humour, philosophie et pédagogie…
Si ce documentaire vous a donné une nouvelle vision des maths ou si vous aviez déjà un faible pour cette science, le DVD de "Comment j'ai détesté les maths" a de quoi vous réjouir, tant les suppléments sont nombreux, l’éditeur (Blaq Out) donnant notamment l’occasion à Olivier Peyon d’exploiter au mieux les nombreux rushes qu’il a accumulés durant le tournage et n’a pas pu inclure dans son film !
Les bonus s’étalent sur 2 DVD. Sur celui qui contient le film, il y a d’abord la traditionnelle bande-annonce, rythmée et enthousiasmante. Elle côtoie une vidéo de 8 minutes intitulée "Du côté des élèves", où des lycéen-ne- s donnent leur avis sur le film, évoquent ce qui les a touchés et leur rapport personnel aux maths : pas inintéressant mais quand même superflu par rapport aux témoignages déjà présents dans le documentaire.
Filmée dans le même cadre (un lycée de Sèvres), une Master class de 40 minutes avec le réalisateur Olivier Peyon et la psychopédagogue Anne Siéty donne des compléments sur le contenu du film et sur la façon dont le projet est né puis a été concrétisé. La qualité est inégale (cela dépend aussi des questions posées par le public et des remarques de l’animateur – plutôt mauvais et agaçant) mais certains passages s’avèrent passionnants, comme lorsqu’Anne Siéty explique comment l’histoire individuelle est à mettre en lien avec notre propre rapport aux mathématiques ou quand Olivier Peyon fait un parallèle entre scénaristes et mathématiciens.
Sur le second DVD, les plus longs suppléments sont vivement conseillés car ils permettent de mieux découvrir deux figures marquantes du documentaire, grâce à une exploitation de la riche matière première que Peyon et son équipe avaient en leur possession. Ainsi, "En route pour la médaille Fields" (50 minutes qu’on ne voit pas passer !) dresse un portrait de Cédric Villani, d’une impressionnante variété alors qu’il se centre sur un unique événement : le fameux Congrès d’Hyderabad où le Français a reçu sa prestigieuse récompense. On retrouve en partie des plans et scènes déjà exploités dans "Comment j'ai détesté les maths" mais les revoir ne pose aucun problème tant le tout est magnifiquement filmé et monté, s’attachant aussi aux regards d’admiration chez celles et ceux qui croisent Villani et faisant de ce dernier un vrai personnage de cinéma. On prend alors la mesure du statut de star atypique de Villani, qui se montre généreux et enflammé, et qui explique volontiers d’où vient son look si particulier – on prend d’ailleurs conscience du vrai potentiel de ce style extravagant, qui semble donner au mathématicien l’occasion de faire des rencontres et de combattre ce qui s’apparente à une timidité passée dont il conserve quelques séquelles, visibles dans son comportement pourtant expansif. On goûte aussi son perfectionnisme (qui va jusqu’à l’analyse de la qualité des polices d’écriture qu’il utilise pour un exposé !), sa polyvalence et son ouverture d’esprit (les différents disciplines mathématiques qu’il maîtrise, son anglais pas dégueu malgré l’accent, son jeu au piano…), ou encore ses formules bien senties parmi lesquelles on retiendra celle-ci : « Quand il y a un paquet de classements, tu choisis celui qui t’arrange » (à méditer).
L’autre documentaire-portrait, "Profession : prof de maths" (30 minutes), permet de mieux découvrir la personnalité attachante et enthousiasmante de François Sauvageot, ce prof qui a un vrai talent pour rendre les maths si humaines, ludiques et joyeuses (on conseillera d’ailleurs vivement à tout enseignant de consulter son site : "Mathom". Là encore, le film reprend partiellement des extraits du documentaire mais il est plaisant de les redécouvrir au sein d’un autre montage. Sauvageot apporte une réflexion (souvent philosophique) sur le sens des mathématiques, sur les applications possibles dans des domaines divers, montrant qu’il ne s’agit pas, paradoxalement, d’une science si exacte que ça, tant l’interprétation est importante et donc variable ! On se prend aussi à sourire et rire, notamment avec la géniale scène des chars à voile.
Les autres suppléments laissent plus perplexe. Sous l’intitulé "Portraits de mathématiciens", se cachent trois vidéos disparates. La première (10 minutes) concerne le Français Pierre Deligne, lauréat de la médaille Fields en 1978. On comprend vite qu’il s’agit de scènes coupées et que son cas a sans doute posé problème au montage, à cause du côté désordonné du personnage et notamment de sa montre qui sonne à deux reprises, perturbant fortement le son de l’interview ! La seconde vidéo, très courte (3 minutes), brosse (trop) brièvement un portrait décalé, celui de Lawrence Kroll, « prof et hippie ». Quant à la dernière vidéo (7 minutes), elle complète finalement les bonus du premier DVD, à travers une entrevue avec une enseignante de secondaire, qui donne son regard personnel sur le film de Peyon ainsi que sur son métier. Pas indispensable.
Enfin, "Paroles de matheux" (23 minutes au total) est présenté de façon abusive comme un ensemble de « 11 pastilles ludiques et pédagogiques » alors qu’il s’agit surtout de scènes coupées (ou partiellement coupées) dont l’intérêt est très variable. Les vidéos d’Anne Siéty sont sans doute les seules à s’approcher de la promesse, quand le reste n’a pas grand-chose de pédagogique et/ou de ludique ! Il y en a même une sans parole (Cédric Villani qui joue du piano, en quoi est-ce ludique ou pédagogique ?) et la plus longue, sur James Simons, est déjà en grande partie dans le film. On oublie.
Caractéristiques techniques du DVD :
Format d’image : 2,35:1
Son : Dobly Stéréo ou Dolby Digital 5.1
Langues : VF (sous-titres français pour les passages en anglais) ; sous-titres français pour sourds et malentendants ou anglais (sous-titres anglais également disponibles pour les suppléments "En route pour la médaille Fields" et "Profession : prof de maths")
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