affiche film

© United International Pictures

ZIDANE, UN PORTRAIT DU 21èME SIÈCLE


un documentaire de Douglas Gordon, Philippe Parreno

avec : Zinedine Zidane

Une expérience unique en son genre : 17 caméras HD synchronisées, placées tout au tour du stade Santiago Bernabeu de Madrid et focalisées sur Zinedine Zidane, à l’occasion d’un match opposant le Real Madrid au Villarreal. Un portrait spectaculaire, en action et en temps réel, de l’un des plus grands joueurs de football de tous les temps…


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Photo film

Un pari intéressant... mais frustrant

Vu que ça peut brûler les lèvres des fans les plus hardcore, expédions vite fait l’info suprême : oui, les fans de Zinedine Zidane seront comblés devant ce film. C’est plutôt pour tous les autres que le visionnage de la chose va constituer une autre paire de manches. Pour faire simple, on précisera qu’il est inutile de regarder ce film si l’on souhaite y chercher une vibration collective, similaire à celle d’un match vu à la télé. Là où les caméras de télévision savent désormais créer l’intensité, voire même une certaine forme de narration dans la mesure où suivre le ballon installe la tension et le stress chez le spectateur, ce film expérimental bannit tous nos repères sur l’appréhension d’un match de football. Dans un sens, pourquoi pas, les nouvelles approches d’un événement en temps réel sont toujours bienvenues. Et d’autant plus justifié que l’objectif du projet ne réside pas là-dedans. Le sujet d’étude est moins le foot que Zidane lui-même. L’icône Zidane, footballeur génial et numéro 5 du Real de Madrid, ici en plein cœur d’un stade devenu le terrain d’une expérimentation à ciel ouvert.

L’objectif des deux réalisateurs était simple : braquer dix-sept caméras HD sur Zidane durant un match, sans jamais le quitter des yeux, en essayant de capter ses efforts et son tempérament de joueur en temps réel. L’idée se révèle séduisante, ne serait-ce qu’au vu des efforts déployés : une photo HD stupéfiante du chef opérateur Darius Khondji (dont le travail chez Jeunet ou Fincher a toujours fait un effet bœuf), une bande-son hypnotique que l’on doit au groupe écossais Mogwaï, et surtout, un travail de longue focale au plus près du joueur Zidane afin de toucher du doigt la moindre de ses actions. Une idée séduisante, donc… mais qui ne tient hélas la route que sur un petit quart d’heure de pellicule.

On admettra que passer 1h30 de film à suivre un décorticage muet, objectif et répétitif, des actions d’un joueur (alors que les chaînes de télé se sont révélées plus inventives sur ce point), le tout entrecoupé d’images retransmises par une chaîne espagnole (et c’est souvent très flou à voir), semble réclamer des aptitudes surhumaines sur le domaine de la patience, que l’on soit fan de ballon rond ou non. Certes, le film semble innover en convoquant plus de détails sensoriels que dans une retranscription stricto sensu : par exemple, on pourra sentir le bruit des crampons se frotter contre la pelouse du stade, ou visualiser ce décor de stade sous un angle plastique assez original. Mais à quoi bon si le film tend parfois à nous faire piquer du nez ? On peut admettre que la musique de Mogwaï sache rendre le montage un minimum hypnotique, mais elle peine parfois à renouveler cette sensation.

Le pire reste surtout ces inserts de sous-titres grotesques, constitués des propos de Zidane qui viennent alourdir le processus narratif au lieu de le percer par des aérations bienvenues. Et les spécimens ne manquent pas : « Quand j’étais petit, je m’amusais à commenter mes actions sur le terrain, mais ce n’était pas vraiment ma voix », « Quand on entre sur le stade, on entend la foule, on sent sa présence » ou encore « Sur un stade, il y a du son. Le son du bruit ». Pour couronner le tout, celle que l’on gardera en mémoire fait figure d’euphémisme malheureux : « Parfois, quand on arrive sur le terrain, on a l’impression que tout a été décidé, que le scénario a déjà été écrit ». Ce n’était évidemment pas le cas du déroulement de ce match, qui prend d’ailleurs fin pour nous après l’expulsion de Zidane du terrain à la suite d’un carton rouge, mais ça l’est en revanche pour nous : au bout de trois minutes de film, on savait déjà que le pire scénario envisageable (un ennui sans nom dans un film sans identité) était écrit à l’avance.

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