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Zack et Miri, deux jeunes adultes à l'amitié platonique décident de solliciter l'aide de quelques unes de leurs connaissances pour réaliser un film pornographique amateur, et empocher une certaine somme d'argent. Zack et Miri vont peu à peu se rendre compte que les sentiments qu'ils ont l'un pour l'autre sont peut être plus profonds qu'ils ne l'imaginaient...
Sortie Directe en DVD et Blu-Ray le 1er janvier 2012
Les choses ne vont pas très forts ces derniers temps pour Kevin Smith : après avoir signé son meilleur film avec le monumental "Clerks 2" (le n°3 ne devrait plus tarder, en principe…), le plus geek des réalisateurs du New Jersey aura connu la chute libre à Hollywood, suite à de nombreux bides au box-office, pour la plupart franchement injustes (dont le très subversif "Red State"). Une catégorie dans laquelle on placera volontiers "Zack et Miri font un porno", comédie inédite en France, dont la sortie salle fut sans cesse repoussée avant d’être complètement annulée, au vu de son gigantesque flop commercial chez l’Oncle Sam. Nul doute que son principe de rom-com épicée au porno amateur a dû en refroidir plus d’un, surtout quand le synopsis du film nous vend une idée aussi folle que celle d’un tandem de colocataires lancés dans la fabrication d’un petit film X artisanal afin de régler leurs problèmes d’argent.
En plus d’être très excitant, le pitch du film a le grand mérite de s’ancrer dans l’air du temps. Plus que n’importe quel autre genre propre au 7ème Art, le porno aura connu une véritable révolution dès l’arrivée d’Internet, délaissant peu à peu les clichés les plus éculés du genre (infirmière perverse, plombier bourrin, marquise salope, et j’en passe), et se généralisant au travers d’un format plus court (le gonzo) et d’un mode de visionnage plus pratique (le streaming). Bref, désormais, le cinéma X n’est plus seulement à votre portée de voyeur, il est aussi à votre portée de filmeur. En digne représentant d’un cinéma gorgé de culture geek et subversive, Kevin Smith s’est donc attaqué à ce phénomène de société au travers d’un détournement malicieux des codes de la comédie romantique. Et quand on parle de « comédie romantique », on ne fait pas référence à ces infâmes bluettes transfusées à la plus consensuelle des niaiseries, mais plutôt à un genre aussi drôle que profond (non, ce n’est pas une métaphore…), redéfini par les récents coups de maître du grand Judd Apatow, où l’on baise d’abord et où, dans le meilleur des cas, on s’aime après.
Cela dit, on conseillera aux amateurs de délires décomplexés de ne pas trop avoir le pantalon qui frétille. À l’exception de quelques seins siliconés et d’un énorme geyser excrémentiel pour achever une scène de sexe, "Zack & Miri font un porno" n’a rien d’explicite ni de choquant. Pas la peine de s’attendre à voir Seth Rogen se lancer dans un threesome avec deux cougars, et c’est quand même un peu dommage, vu qu’il y a Traci Lords et Katie Morgan au casting. Pour autant, Smith s’en donne à cœur joie pour offrir de grands moments cultes que l’on s’empressera de remater entre potes un samedi soir au cours d’une soirée pizza-bière. Outre le mémorable Justin Long en star de porno gay et un Jason Mewes toujours à l’aise dès qu’il s’agit de (sur)jouer les obsédés de grandes lèvres, le clou du film restera le making-of d’une parodie X de l’œuvre de George Lucas, intitulée "Star Whores" et remplie de noms aussi bizarres que Dark Vibrator, Luke Zobniqueur, Pi7-OQ, G2-Mégabites, princesse Lèche-la ou O’Baise-Moi Kenobite ! Pas de doute, c’est la passion du geek qui parle…
Du cul et du cœur, donc. Mais bien plus de cœur, en fin de compte. En effet, dès qu’il s’agit de rendre tous les personnages attachants, de créer une émotion sincère au travers de vrais rapports humains, ou plus simplement de jouer sur le décalage suscité par le tournage maison d’un film porno, Kevin Smith en remontre à pas mal de réalisateurs pour toucher notre âme de chaussette sensible. En plus de nous prouver à quel point l’Hexagone tutoie régulièrement les cabinets de l’imagination en matière de comédie romantique, le cinéaste nous rappelle surtout avec un tel film que parler d’amour sans être niais ou nunuche n’a rien d’une vue de l’esprit. Il suffit d’émotions sincères qui parlent à tout un chacun, d’un ton original qui offre de nouvelles perspectives, d’acteurs très investis qui se lâchent autant que possible, et d’un réalisateur qui ne prend pas ses spectateurs pour des vaches à lait. À bon entendeur…
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