affiche film

© Pathé distribution

YOUTH

(La giovinezza)


un film de Paolo Sorrentino

avec : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda...

Un chef d'orchestre quasi octogénaire à la retraite profite de quelques vacances dans les Alpes. Un ami scénariste, aussi âgé que lui, réside au même endroit, tentant avec son équipe d'écrire un scénario testament, dont il ne parvient pas à rédiger la fin. Autour d'eux gravitent d'autres célébrités : un acteur connu pour un rôle de robot, un joueur de foot devenu obèse...


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Photo film

L'émotion, nécessaire moteur de la vie

Alors qu'il vient d’entamer le tournage de sa très attendue série télé, "The Young Pope", avec Jude Law dans le rôle principal, le réalisateur italien Paolo Sorrentino voit son dernier opus sortir sur nos écrans après être reparti bredouille du Festival de Cannes 2015. Auteur de "La Grande Bellezza" (Oscar du meilleur film étranger 2014), "Il Divo", Prix du jury à Cannes 2008 et du formidable "This must be the place" (avec Sean Penn), l'auteur est à la fois connu pour son sens du cadre (de superbes travellings jalonnent ses films...), son usage gonflé de la musique (mélangeant moderne et classique...) et sa manière toute singulière d'aborder des questions politiques.

Avec "Youth", un double portrait d'hommes vieillissants, il semble s'être assagi quelque peu, offrant un style en apparence plus épuré, toujours aussi élégant mais moins sujet à de grandes envolées tonitruantes. Il faut dire que le sujet, flirtant avec la question du deuil sous divers aspect (dépasser la mort de l'autre, appréhender la vieillesse, savoir clore une histoire...), est plutôt grave. Ce qui n'empêche toutefois pas l'auteur, ni de faire preuve d'humour (la collision de chaises roulantes, le jeu des devinettes au restaurant face à de vieux couples silencieux...), ni d'élans poétiques (le concerto à base de cloches de vaches, le cauchemar sous forme de clip vidéo...).

Composant toujours des plans savamment calculés, l'auteur nous invite à une réflexion sur les engagements trahis, la légèreté comme force destructrice, ou ce qui fait le moteur de chacun. Il offre ponctuellement de belles paraboles, usant de jumelles d'observation pour signifier la différence de perception de la vie par les jeunes et les vieux, ou de l'escalade pour montrer que « le monde est (plus) beau, vu d'en haut ». Globalement désenchanté et cynique, le ton de son dernier long métrage lui permet de convoquer l'émotion, faisant ressortir les frustrations de ses personnages (la vision de toutes les actrices dans un champ, femmes ayant traversé sa vie et compté chacune à leur manière...).

Une fois de plus, Sorrentino nous offre une œuvre ample et intime à la fois, aux fulgurances visuelles toujours surprenantes. Mettant en évidence l'impossible communication entre les générations pour ce qui concerne l'intime, la force des émotions comme unique moteur de l'existence, il synthétise en quelques phrases la nature même de son cinéma. Parfois il faut « choisir ce qui vaut la peine d'être raconté », « l'horreur ou le désir ». Lui-même semble avoir clairement choisi. Abordant les situations les plus dures ou les histoires les plus abjectes, il les magnifie par un sens de l'image et un cynisme hors pair, desquels n'est jamais absent un magnifique élan de vie.

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