© Surreal Distribution
Malgré le fait qu'il ait toujours rêvé de devenir un écrivain de renom, Lance mène une vie insignifiante de professeur de poésie dans un lycée. Il sort secrètement avec Claire, une enseignante d'art, sexy et ingénue, mais qui tient à ce que cette relation ne s'ébruite pas. Pour couronner le tout, il élève seul l'adolescent le plus infâme et grossier des Etats-Unis… Lorsque celui-ci meurt dans des circonstances quelques peu gênantes, Lance décide de maquiller son accident en suicide et se met soudainement à écrire la lettre d'adieu de son fils...
Véritable coup de cœur de la compétition du Festival du film américain de Deauville 2009, ce petit film, en parti produit par Richard Kelly via Darko Entertainment, a de quoi étonner. Alors que l'on pourrait s'attendre à un drame sur le deuil ou à un film mielleux et bien pensant, Goldthwait surprend son monde en nous concoctant une comédie poilante et bluffante d'irrévérences.
Sans jamais tomber dans l'humour gras et inapproprié, le début de "World's greatest dad" nous abreuve de répliques salaces via le personnage de Kyle, le fils de Lance, sorte d'adolescent un peu scato sur les bords, tout droit sorti d'une version trash de "Supergrave". Grâce à ce protagoniste très bien interprété par Daryl Sabara, qui parvient brillamment à donner du volume à ce stéréotype, le réalisateur en profite pour allègrement tourner en dérision les adolescents et les comédies pour ados en général. En parallèle à ces instants pathétiquement drôles, Goldthwait nous sert aussi des scènes tragiques, auxquelles il est déroutant d'assister dans ce genre de comédie (la découverte du cadavre). Toute l'audace et la maîtrise du réalisateur résident dans ce numéro d'équilibriste qui tangue entre humour potache et intenses moments dramatiques.
Si la première partie du film concentre les blagues salaces de bas étages mais efficaces, la deuxième partie est une belle leçon de morale, avec tout juste ce qu'il faut d'ironie. Kyle, qui était haï par tout son lycée, en devient soudainement l'égérie. Dans ce monde de la starification en une minute, Goldthwait ne manque pas de dénoncer toute l'habituelle hypocrisie post-mortem de l'opinion publique. Il choisit par ailleurs d'occulter tout le deuil du père, ce qui a de quoi surprendre. On se questionne sur les intentions et ressentis du personnage de Robin Williams, et c'est à la fin que ce parti-pris prend toute son envergure.
D'ailleurs, le film ne tiendrait certainement pas la longueur si Robin Williams n'était pas là pour divinement interpréter ce personnage à la fois haïssable et tellement pathétiquement sympathique. Dans ce rôle particulièrement dichotomique, l'acteur nous offre une performance des plus mémorables (la scène du show télévisé est grandiose). Il donne une incroyable crédibilité à ce personnage de looser qui invente cet énorme bobard pour lui permettre de vivre son rêve de gloire par procuration. En même temps, toute la tendresse inconditionnelle d'un père envers son fils se dégage de sa prestation. Incontestablement, Goldthwait offre à son vieil ami le rôle de sa carrière dans une comédie bien plus profonde qu'il n'y parait.
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