© Screen Australia
Dans un cratère du bush australien, où ils ont décidé de faire du camping, un couple de randonneurs tombe sur le conducteur indélicat qui les a plantés en stop. Il finira par tuer l'homme d'un coup de couteau et par traîner la femme par les cheveux...
Annoncée dès la sortie du premier film, la suite du traumatisant "Wolf Creek" aura mis pas moins de huit ans à voir le jour. Huit ans pendant lesquels Greg McLean aura pris le temps de peaufiner son script et d’ajuster sa mise en scène, tout en livrant en 2008 l’excellent "Solitaire", film d’aventure et de crocodile géant aussi efficace que roublard. Une attente longue, donc, mais qui à la vision du film, permet de dire que ça valait vraiment le coup !
Là où "Wolf Creek", premier du nom, prenait son temps, construisant ses personnages et son contexte durant pas moins de 45 longues minutes, avant de jeter ses victimes dans la gueule du loup, sa séquelle tardive ne se perd pas en conjoncture inutile, préférant un démarrage pied au plancher qui ne relâchera jamais la tension. Moins survival étouffant et ultra-violent, que démente course-poursuite survitaminée, "Wolf Creek 2" se permet une écriture en totale liberté, le film enchaînant les ruptures de ton, les passages obligés de différents genres (survival, donc, slasher, road movie, comédie gore ou encore film de torture) se succédant avec une jubilation qui force le respect.
Comme le montre l’hilarante scène d’introduction, le héros du film est cette fois bel et bien le monstrueux Mick Taylor, que John Jarrat s’amuse toujours autant à personnifier. Croquemitaine increvable, chasseur rancunier, redneck raciste et prédateur omniscient, Taylor est tout cela à la fois, au centre d’une intrigue qui préfère la surenchère à la suggestion, dans l’esprit de ce que fut "Mad Max 2" pour "Mad Max". Qu’il s’acharne sur un couple de touristes allemands, qu’il défonce des kangourous numériques avec un semi-remorque (une scène totalement folle) ou qu’il torture avec le sourire un jeune homme après l’avoir poursuivi durant presque une heure, Taylor est véritablement la figure centrale de "Wolf Creek 2", et s’impose comme l’un des personnages les plus marquants du cinéma d’horreur contemporain.
Alors certes, une fois la méga-poursuite terminée, le film devient un peu moins excitant, retrouvant les rails bien connus du torture-porn sadique, mais la liberté de ton totale du récit, alliée à une mise en scène énergique et toujours inventive, permet de mesurer le talent réel d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens – ce que laissait déjà entrevoir "Solitaire". Une certaine idée d’un cinéma de genre décomplexé et sans fioriture, que l’on espère voir perdurer dans les films à venir de ce trublion génial de Greg McLean. C’est dire si l’on attend son prochain projet, le thriller "6 Miranda Drive" (avec Radha Mitchell et Kevin Bacon), avec une vraie impatience !
CONTRE : Niveau 0 - Une suite grand-guignolesque
Seule séance de minuit de la 70e Mostra de Venise (2013), la suite plutôt attendue du film d'horreur australien "Wolf Creek" ne sera clairement pas à la hauteur de l'attente suscitée. En effet, passée la première scène, où le bouseux du coin, rustre et méchant, s'attaque à deux flics qui roulent des mécaniques et souhaitent le verbaliser pour un excès de vitesse qu'il n'a pas commis, on comprend vite que ce second épisode va mettre le tueur sadique et goguenard en avant, faisant de lui le personnage principal.
Adieu donc la suggestion. Car si l'on peut s'amuser du postulat de départ de ce bouseux raciste qui considère qu'il faut débarrasser de la face du monde ces « touristes qui viennent chier dans votre jardin », tout ici est montré, des pires tortures (la brisure de colonne vertébrale, le jeu des 10 questions pour 10 doigts...) jusqu'au sadisme du méchant (il imite le cochon pour mieux faire flipper ses victimes, et tel un chien de chasseur, joue avec proies...). Seules les allusions évidentes au "Duel" de Spielberg donnent dans un certain suspense sadique.
Si les fans de gore y trouveront leur compte (en égorgements, têtes explosées au fusil et autres décapitations...), le suspense n'est plus réellement de mise, seul l'effet angoissant de l'anticipation des tortures et des coups fonctionne encore. Restent quelques paysages magnifiques, un réjouissant irrespect du patrimoine (le sort réservé aux kangourous...) et l'interprétation impressionnante d'une des victimes, le jeune Ryan Corr, qui passe avec efficacité de la panique à une peur raisonnée. Un film dispensable, très loin d'être à la hauteur du premier.
29-06-2014
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