affiche film

© 20th Century Fox France

WILD


un film de Jean-Marc Vallée

avec : Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Thomas Sadoski…

Cheryl a décidé de tourner la page sur sa vie passée. Et pour être sûre d’y parvenir, elle a opté pour une solution radicale : se lancer dans un périple de 1700 km à pieds. Pour parvenir à se reconstruire, elle devra ainsi affronter les plus grandes difficultés. Mais au bout de l’effort, il se peut que la lumière jaillisse…


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Photo film

Un grand jeu d’actrice, une belle histoire, de superbes paysages, mais trop de chichis…

Des gémissements. Une femme au cœur d’un paysage rocailleux. Des hématomes sur le corps, les pieds ensanglantés. Dans cette nature sauvage, cette jolie blonde dénote et intrigue. Et puis des images presque subliminales viennent annoncer le titre du film, « Wild ». C’est ainsi que débute ce périple cinématographique, ce voyage aussi bien dans l’Ouest américain que dans l’intimité d’une jeune femme. Par un magnifique montage, aussi élégant qu’intelligent, les spectateurs découvrent l’épopée de cette femme à la recherche de celle qu’elle a été, d’un espoir perdu et balayé par les aléas de la vie. Cette quête d’identité rappelle évidemment celle de Christopher McCandless, immortalisée sur grand écran par Sean Penn dans son « Into the Wild », mais ici, la protagoniste fuit son passé plus que la société. Une vie faite de vices et de souffrances qu’elle ne peut plus supporter ; des infidélités à répétition qu’elle ne peut plus assumer.

Alors, pour se purger de ce passé sulfureux, elle entreprend de réaliser le « Pacific Crest Trail », soit la randonnée qui a la réputation d’être la plus difficile de tous les États-Unis. Mais plus que la nature, c’est elle-même que la jolie Cheryl va devoir affronter. Au plus près de son corps, la caméra capture sa lutte permanente, explore son être pour faire ressortir ses tourments. Et indéniablement, Jean-Marc Vallée sait se servir d’un objectif. Sublimant les paysages poussiéreux, il transforme le trip initiatique en expérience sensorielle, offrant à Reese Witherspoon l’un de ses plus beaux rôles. Après le triomphe de « Dallas Buyers Club », le réalisateur ne déçoit pas avec cette fable humaniste sensible ; enfin tout du moins, il évite la déconvenue.

Car si « Wild » bénéfice d’immenses qualités, il souffre également de plusieurs lourdeurs préjudiciables, en particulier lorsque le cinéaste cherche à surligner le propos de ses images par des effets scénaristiques inutiles, comme s’il n’avait pas pleinement confiance en la puissance de son procédé. Et les conséquences sont terribles, le spectateur finissant par se désintéresser de l’épopée de cette aventurière un peu inconsciente. Paradoxalement, c’est ainsi lorsque le metteur en scène choisit de nous faire écouter les pensées de son héroïne qu’on se sent le plus éloigné d’elle, tout le charme et la subtilité du métrage volant en éclat. C’est en cela que le bât blesse. Car à l’exception de ces errances, le film bénéficie d’une beauté organique, d’une magie enchanteresse qui accompagne parfaitement le trip barré de cette apprentie randonneuse.

Mélodrame sans grande surprise, « Wild » parvient pourtant à transcender son propos, à se renouveler à chaque nouvelle rencontre. Mais à chaque fois que le réalisateur recherche éperdument à susciter de l’émotion au lieu de la laisser venir, il rate sa cible, ces maladresses rompant avec l’équilibre subtil et poétique préétabli. On ressort de la salle avec une forte frustration, liée à la sensation d’avoir assister à une grande histoire annihilée par des velléités mercantiles, à une ambition folle réduite à son minimum pour ne pas égarer le public. Et cette sensation est d’autant plus rageante que la prestation de Reese Witherspoon est époustouflante. Elle habite le film et irradie la pellicule, trouvant le ton juste pour incarner la vulnérabilité de son personnage sans sombrer dans un pathos caricatural. On regrettera simplement que Jean-Marc Vallée n’ait pas plus fait confiance à son récit, qu’il ait ressenti le besoin de grossir le trait de sa mise en scène alors que « Wild » n’est jamais aussi bon et touchant que lorsque l’objectif s’efface derrière l’objet.

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