Sept petites histoires qui mettent en évidence, au travers du rapport à l’eau, les relations quotidiennes entre colons et palestiniens...
Initié par Yael Perlov, du département du film et de la télévision de l’université de Tel Aviv, ce projet, qui met la question de l'eau au cœur du débat, regroupait lors de sa présentation à la Semaine de la critique du Festival de Venise 2012, 7 courts-métrages, mais a aussi été, depuis, présenté au Festival du film court de Clermont Ferrand 2013, sous la forme de deux programmes de 9 courts. Leurs points communs ? L’urgence due au manque d’eau et à la situation au Moyen Orient, et l’alternance entre cinéastes israéliens et palestiniens aux commandes, offrant une vision la plus large possible de ce qui semble devenu aussi un enjeu politique.
La présente critique aborde ici seulement les 7 films documentaires ou de fiction composant le film présenté à Venise en septembre dernier. "Still Water" fait monter la tension entre un couple israélien venu près d’une source pour son cachet romantique, et un groupe d’arabes palestiniens engageant une conversation autour de l’enclavement des territoires occupés et du partage de la ressource. Un film symbolique et empli de tension, pour un nécessaire face à face. "The Water Seller" est un semi-documentaire montrant comment les palestiniens sont réduits à utiliser les restes de la ressource, et mettant en évidence la corruption active.
Sur un ton quasi humoristique, "Raz et Rajda" traite de l’absurdité du couvre-feu, en coinçant un soldat israélien et un paysan palestinien dans un camion, le second ayant enfreint la règle pour couper l’eau de son champ de pastèques. "Eyes Drops" raconte le dialogue entre une vieille dame, survivante de l’holocauste, atteinte d’une maladie des yeux, et trois palestinien qui lui viennent en aide. Une certaine vision du partage des cultures, d’un douloureux passé face à un douloureux présent. "Kareem’s pool" décrit une journée d’insouciance autour d’une piscine bâti sur d’une source privée. Un film dans lequel l’ambiance sonore a une importance particulière, entre bruit rassurants de l’été et présence d’un conflit presque inaudible.
"Drops" raconte la crise de conscience d’un soldat israélien, qui, réfugié dans les toilettes de sa caserne, s’invente une symphonie faite de bruits de gouttes d’eau, et de bruits du bâtiment, se remémorant des souvenir rassurants. Enfin, "Now and Forever", raconte le dialogue impossible entre les deux communautés, au travers de la confrontation et des peurs exprimées entre une jeune israélienne seule chez elle et un plombier qu’elle découvre palestinien. Une saisissante parabole de la paranoïa ambiante.
Si la ressource en eau est au cœur de 2 histoires ("The Water Seller" et "Kareem’s pool"), elle n’est souvent qu’un prétexte à aborder la situation politique du pays. Globalement les sept courts-métrages abordent des questions d’actualité, autour de la division du territoire, des inégalités de richesse, de l'entraide possible, des abus de pouvoir de la part des militaires, et de l'influence des préceptes religieux sur la vie de tous les jours. De qualité inégale, les fictions ont parfois du mal à faire passer un message ("Eyes Drops" reste assez abscon...), malgré leur aspect poétique ("Drops"), alors que les documentaires affichent une revendication politique claire. Le tout compose une expérience hétérogène qui a su générer un dialogue entre cinéastes issus de deux peuples d’un même pays, qui ont toujours du mal à coexister.
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais