Les clans du peuple Seediq, sur l'île de Taïwan, s'opposent, chacun marquant son territoire et chaque chef tentant de conserver son ascendant sur sa tribu. Mouna Ruta, jeune guerrier, deviendra bientôt le mâle dominant de sa troupe, et tentera d'unir les peuples, pour mieux résister face à l'envahisseur japonais...
Présenté en compétition au Festival de Venise 2011, « Warriors of the rainbow » est une production John Woo, qui relate la résistance, puis le soulèvement d'un peuple indigène de l'île de Taïwan, suite à la cession de celle-ci par la Chine au Japon en 1895. La peuplade Seediq, ses nombreux clans, nous sont ainsi présentés dès les premières minutes, à l'occasion d'une scène de chasse à l'arc et à l'arquebuse, autour d'une rivière tumultueuse. Une tradition qui constitue un rite de passage à l'âge adulte pour les jeunes du village, comme Mouna Ruta, qui ramènera quelques têtes d'un clan ennemi, et se fera au passage son premier ennemi : Temu Waris. Mouna Ruta marquera ainsi sa domination sur son clan, et étendra sa réputation au dehors, devenant le personnage central de l'histoire.
Malheureusement le reste du film ne fait qu'aligner les différentes batailles de ces hommes. Il explique d'abord les moyens de résistance face à l'invasion japonaise, de l'utilisation de la jungle comme terrain connu aux embuscades à flan de montagne. La sauvagerie est décrite avec minutie et les règles d'honneur et de gloire de ces guerriers vivant en forêt révèlent une facette méconnue de Taïwan. Puis trente ans plus tard, après s'être légèrement attardé sur le quotidien de soumission d'un peuple réduit à l'esclavage, le scénario décrit dans les moindres détails chacune des étapes préparatrices d'un soulèvement envisagé comme un sacrifice. On notera, le brio de la mise en scène, composant de percutantes scènes d'action, le spectateur étant littéralement projeté au milieu du champ de bataille, entre les flèches qui fusent et les coups d'une violence sans retenues.
Cependant, au côté action répond un pendant spirituel, faisant appel aux croyances des indigènes en un contact avec le monde des esprits (c'est à dire le monde situé de l'autre côté de l'arc en ciel), illustré par des scènes qui n'en restent pas à l'état d'évocations. Elles prennent une forme onirique et confinent souvent au kitsch, comme lors de la vision qu'à Mouna Ruta de son père à proximité d'une cascade, ou du franchissement final de l'arc en ciel par des guerriers décimés... sans parler du chien... Ajoutez à cela des tics de réalisation propre aux grosses productions, imposant musique et chant lyrique par rapport au bruit d'une bataille, ou utilisant ralentis et images floutées, et le spectacle perdra tout de même un peu de sa superbe sur sa (grande) longueur (2h30). Dommage, car on peut dire qu'il s'agissait là d'un film anthropologiquement intéressant.
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