© Warner Bros. France
Suite à un enterrement, David retrouve son meilleur ami du lycée, Efraim, ayant fait fortune dans le commerce d’armes. Alors qu’il multiplie les échecs professionnels, le jeune homme accepte de travailler pour son camarade. Mais il ne se doutait pas de ce qu’être un trafiquant d’armes impliquait...
Nous sommes en 2011. Le producteur Mark Gordon ("Il faut sauver le soldat Ryan" notamment) découvre un article de Rolling Stone relatant l’improbable histoire de David Packouz et Efraim Diveroli, deux gamins de vingt ans, ayant profité du système mis en place par l’administration Bush pour se déclarer trafiquants d’armes. L’homme expérimenté de cinéma y voit immédiatement le matériau parfait pour en faire un film. À l’instar du "Loup de Wall Street" ou de "The Big Short", qui décortiquaient les dérives du monde des finances en s’amusant de ses névroses, "War Dogs" va s’attaquer à un autre pilier de l’American Way of Life, la législation sur les armes.
Pourtant, rien ne prédestinait le jeune David à monnayer des pistolets et autres fusils. Gagnant sa vie en tant que masseur pour clientèle huppée, et s’essayant au business des draps de luxe, l’homme accumule surtout les échecs. Mais lorsque son ancien meilleur ami refait surface à Miami, il ne pouvait refuser l’opportunité de travailler avec lui. Et le voilà embarqué dans un monde dont il ne connaissait rien mais où tout semble possible (Dick Cheney et George W. Bush ayant mis en place une sorte d’ ebay pour les armes à feu, une vaste plateforme d’appels d’offre pour des contrats militaires où n’importe qui pouvait candidater). Malheureusement, jamais le scénario et la mise en scène de Todd Phillips n’arriveront à se mettre à la hauteur de ce postulat en or.
Le problème majeur du métrage réside dans son incapacité à s’emparer de ses sujets. Traitant superficiellement aussi bien l’amitié perverse entre les deux protagonistes que la frénésie d’une économie amorale et irresponsable, les scénaristes ont complètement annihilé la force subversive et irrévérencieuse de leur récit. Jamais, l’humour ne sera ainsi au service d’une critique d’une industrie symbole de tous les excès de l’Amérique. Inscrivant son film dans un entre deux bâtard, où les blagues ne sont pas véritablement drôles et où la condamnation pas suffisamment acerbe, le réalisateur condamne son œuvre à un simple divertissement limité à des enjeux bien moindres que prévus.
Néanmoins, le duo Jonah Hill / Miles Teller fait des merveilles, l’alchimie entre les deux s’imposant dès les premières minutes comme le seul moteur de cette comédie dramatique. Si le premier a tendance à cabotiner, sa prestation exubérante renforce la personnalité d’un personnage bling bling se rêvant Tony Montana, et contraste merveilleusement bien avec le calme désabusé du second. Seule satisfaction du film, cette complicité n’efface pas les nombreux défauts d’une production bien décevante par rapport aux récents succès du même genre.
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