© 20th Century Fox France
Jacob Moore, jeune trader à Wall Street, a la belle vie et va bientôt se marier. Tout bascule le jour où la banque pour laquelle il travaille coule et que son boss et mentor se suicide. Jacob veut savoir qui est responsable. Au même, moment, Gordon Gekko, la légende de Wall Street et futur beau père de Jacob, sort de prison, ayant purgé sa peine de 8 ans. Gordon passe un deal avec Jacob. Ce dernier va devoir lui permettre de reconquérir sa fille, en échange de son aide pour trouver son ennemi en cette période de début de grande crise...
Alors qu’il n’est pas un réalisateur habitué des suites (il n’en a jamais tourné et la plupart de celles qu’il a écrites ne sont jamais sorties) qu’est ce qui pouvait pousser Oliver Stone à revenir sur son personnage légendaire de Gordon Gekko et sur le monde des requins de la finance ? La triste actualité économique en est la réponse et la raison.
Le premier épisode semble désormais sorti tout droit d’une autre époque (c’est le cas), celle des années 80 et de sa course folle à l’argent, époque où gagner 100 millions de dollars pouvait représenter un accomplissement professionnel ultime dans le monde de la finance, dont les « héros » se nommaient Gordon Gekko ou bien Patrick Bateman. Si le contexte de la suite est bien différent, on parle de plusieurs centaines de milliards de dollars, de crise économique mondiale, ceux qui tirent les ficèles, les nouveaux « maitres du monde » sont devenus ces traders, ces « dieux » en 2 pièces, cravate. Il s'agissait donc là du parfait contexte pour ressusciter celui qui, même s'il n’est qu’un personnage de fiction, a inspiré de nombreux traders : Gordon Gekko… mais c’est aussi la que se trouve l’un des points faibles du film.
Le personnage de Michael Douglas plane sur tout le long métrage sans jamais vraiment retrouver le charisme qui lui est propre. En dehors d’une courte scène d’introduction, qui se moque des 80’s et d’une séquence « Suit Up » qui fait passer tout Barney Stinson en herbe pour un amateur, l'icône des années 80 ne retrouve ni sa superbe, ni son véritable fond de « méchant ». Comme quoi, la prison, ça vous change un homme !
On suit pendant plus de 2h une explication sur le pourquoi du comment de la crise (c’est rempli de jargon financier, mais le contraire aurait été décevant) et on a finalement l’impression que tout est si simple pour ces types qui jonglent avec les millions à longueurs de journée. La situation économique, y compris la leur, est catastrophique, mais on ne ressent jamais ce danger, tant leur banalité quotidienne (hors de prix qui plus est) continue d’exister et leurs préoccupations sont finalement inaccessibles pour le commun des mortels (Chérie, tu me prêtes 100 Millions, promis je te les rends demain).
On a vraiment du mal à s’attacher et à s’identifier (par manque de volonté) aux personnages, car même avec leur comptes en banque énormes, leurs vies sont finalement d’une « banalité » consternante. Si le premier film traitait aussi du monde de la finance, il en possédait l’esbroufe et la superficialité propre aux années 80 (les vêtements, portables, la drogue, belles voitures et jolies filles) et était attirant. Ici, le héros a un I-phone (comme quasiment tout le monde), choisit une copine « banale » plutôt qu’un top, ne conduit pas de Ferrari et ne prends pas de coke : finie la vie de rêve, place à l’efficacité à 200% ! La faute ne vient pas du cast, que ce soit Kirk… pardon, Michael Douglas, LaBeouf ou Brolin, tout le monde tient bien son rôle. C’est juste l’ensemble qui reste trop bancal.
La réalisation d'Oliver Stone ne réussit jamais à vraiment décoller (on est très loin de « L’Enfer du dimanche » ou encore du montage revisité d’Alexandre) et est victime de quelques maladresses : l’apparition de Charlie Sheen ne fera sourire que le spectateur ayant vu le 1er film, quant au final il est expédié et ridicule. Mais à défaut d’être audacieuse, il faut reconnaître que la réalisation de Stone est scrupuleusement maitrisée : on assure le minimum sans prendre de risques, ce que beaucoup devraient déjà commencer par faire.
Tout comme pour « JFK », le résultat tient plus du téléfilm de luxe que de la fresque que l’on peut s’imaginer, mais reste quand même plaisant et instructif. Une qualité, certes, mais que l’on aimerait retrouver dans d’autres films, plutôt que pour un métrage dont on attendait un peu plus d’agressivité.
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