© Warner Bros. France
Alfie, richissime retraité en pleine crise du 3ème âge, décide de quitter Helena après 40 ans de mariage. Celle-ci, au bord du gouffre, cherche le salut auprès d’une voyante aux pratiques onéreuses mais réconfortantes. Quant à Sally, leur fille, elle voit son union avec Roy battre de l’aile, surtout depuis qu’il a cessé toute activité alimentaire pour se consacrer à l’écriture de son deuxième roman. Tout ce petit monde, frustré et angoissé par l’avenir, va peu à peu se bâtir un mur d’illusions...
Ces dernières années, Woody Allen alterne les moments de grâce (« Match Point » et « Vicky Christina Barcelona ») et les films mineurs (« Scoop » et, dans une certaine mesure, « Le rêve de Cassandre »), maintenant ainsi un rythme de production soutenu tout en permettant au public de reprendre son souffle régulièrement. “You will meet a tall dark stranger” fait partie de ces trêves filmographiques, plaisantes à regarder, mais facilement oubliables. En effet, bien qu’assez proche de “Whatever works” dans sa structure et son cheminement, il n’en possède ni la spiritualité, ni la qualité humoristique. Et si côté forme, les ingrédients qui font la recette “allenienne” sont bien là (narration légèrement caustique, musique jazz guillerette, caméra calée sur les personnages...), côté fond, on est assez loin des histoires à la fois truculentes et pleines de sens, auxquelles le cinéaste a su nous habituer.
L’illusion est un élément récurrent du champs sémantique de Woody Allen, surtout en amour. Il est ici traité sous différents angles : l’illusion de la jeunesse retrouvée, d’une possible liaison amoureuse avec son patron, d’un roman qui sera accepté par un éditeur ou d’une rencontre avec “un bel inconnu” (en référence à une prédiction de la voyante à Helena). Un parti-pris scénaristique qui pêche par son manque d’originalité, surtout lorsque l’on connaît un peu la filmographie du cinéaste, et qui donne au film un effet “tiroirs” que même le texte de la voix off ne parvient pas à estomper. En résulte une légère impression de déjà-vu et déjà-mâché, que la galerie de personnages un peu trop stéréotypés (c’est le cas par exemple de la bimbo interprétée par Lucy Punch, décevante et bien moins drôle que Mira Sorvino dans “Maudite Aphrodite”) ne parvient pas à dynamiser.
Heureusement, Woody Allen reste un formidable auteur qui, film après film, continue d’asséner ça et là le verbe qui fait mouche. A défaut d’être pétillant, “You will meet a tall dark stranger” offre son lot de dialogues croustillants, de scènes franchement drôles et de situations croquignolesques (mention spéciale à Josh Brolin, à l’aise dans l’univers allenien) dont on ne se lasse pas. Un moment agréable, qui ne marquera pas l’histoire du cinéma, mais qui présente au moins le mérite de faire sourire pendant un peu plus d’1h30.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais