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Deux jeunes mariés issus de familles pauvres tentent de faire leur vie pour enfin sortir de leur maison familiale respective et vivre ensemble. Seulement, difficile de s’émanciper au Maroc lorsque l’on n’a pas un sou en poche. Les règles ne semblent pas être les mêmes pour tous...
Abdel et Malika sont épris l’un de l’autre. Mais dans un pays comme le Maroc, même en étant mari et femme, il faut faire preuve de discrétion. Abdel travaille comme vigile dans un centre commercial et ne montre aucune compassion lorsqu’il prend des petits voleurs en flagrants délits. Un jour, il fait respecter le règlement auprès des mauvaises personnes : celles avec du pouvoir et des relations. C’est alors, pour lui, le début de la déchéance. Car pour avoir obligé une bourgeoise à faire la queue comme tout le monde, il se fera rouer de coups et humilier par les hommes de main de son patron. De son côté, Malika est femme de ménage dans la demeure de la famille fortunée qui a ruiné la vie de son époux.
Avec ce quatrième long métrage, Faouzi Bensaïdi envoie une critique révoltante de la société marocaine. D’un côté, il épingle cette mentalité archaïque poussant les jeunes marocains à toujours être sur leur garde de peur du jugement et du regard des autres. Malika exprime d’ailleurs ce désarroi lors de la scène de la visite du site archéologique de Volubilis dans laquelle elle évoque qu’ils sont élevés dans la peur des autres. L’adage "Pour vivre heureux, vivons cachés" est d’autant plus vrai ici. Les amoureux doivent réfréner leurs ardeurs comme lors de cette fabuleuse scène d’échange de paille et de regards intenses qui déploie tout le désir qu’ils ressentent l’un pour l’autre mais qu’ils ne peuvent exprimer en public.
Au-delà du côté romance, « Volubilis » est surtout un film social qui dénonce l’écart grandissant (et devenu abyssal) entre les pauvres et les riches au Maroc, particulièrement après une décennie de mondialisation. Règles à deux vitesses, humiliations et violences sont en toile de fond. L’opulence et l’arrogance des nantis envers les petites gens est révoltante. Bensaïdi nous montre un monde aussi désœuvré que triste qui se repaît d’avoir plus que le voisin et se félicite de corriger ceux qu’il prend pour des êtres inférieurs. Le constat est tragique et désolant surtout que cette mentalité individualiste gangrène une société qui était basée sur la communauté. Il ne semble même pas y avoir d’échappatoire. C’est le sens de la marche et le final du film témoigne de la foi qu’a le réalisateur en toutes perspectives d’amélioration.
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