© Les Films des Deux Rives
Antonio, écrivain, est tétraplégique, faisant appel à une aide à domicile chaque jour pour le laver, l'habiller, l'aider à se lever... Pepe est sorti d'hôpital psychiatrique il y a déjà quelques temps, et ne se remet pas du départ de son fils. Tous deux sont amis, dans un Barcelone qui peine à les comprendre...
C'est à deux sujets complexes y délicats que s'attaque Jo Sol, en nous présentant l'amitié entre deux oubliés de la vie, l'un faisant face à la pauvreté et à ses démons intérieurs, l'autre revendiquant son droit à l'autonomie, notamment sexuelle. Dans un style proche du documentaire, il donne à voir la frustration, l'espoir auquel on se rattache, les arrangements avec la morale commune, confrontant l'handicapé à son aide à domicile, et le vieil homme au souvenir de son fils. Deux personnages qui incarnent la contradiction face aux chemins empruntés par les deux protagonistes dans leur volonté d'avoir enfin... une vraie vie.
N'hésitant ni à montrer l'invalidité au quotidien, ni à donner à voir une sexualité monnayée, l'auteur oblige le spectateur à se poser la question de sa propre éventuelle gêne. En une formidable scène de discussion autour d'un lit, dialoguée à merveille, il lui tend un miroir, au travers de l'aide à domicile, préférant fermer les yeux devant la réalité d'une sexualité légitime revendiquée par le personnage principal, handicapé devenu activiste. Convoquant chant traditionnel et souvenirs douloureux, il explique par touches les gestes passés des uns et des autres, situant ainsi son récit entre pardon du passé et possibilité d'un avenir. Un film dérageant et touchant à la fois, qui espère sans doute faire bouger quelques lignes dans le regard des autres comme dans la législation concernant les « assistants sexuels ».
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