La mise en parallèle de quatre antipodes : Argentine et Chine, Russie et Chili, Hawaï et Botswana, Nouvelle Zélande et Espagne...
Ce documentaire, signé Victor Kassakovsky, nous propose au travers de la mise en parallèle de moments de vie aux antipodes, une vision d'un monde à deux vitesses, où l'Homme n'a de cesse de se mesurer à la nature ou de tenter de la protéger. Servi par une photo proprement sublime, le film offre d’impressionnantes transitions basées sur le renversement de l'image (on voit ainsi évoluer des véhicules, comme collés au plafond... augmentant encore la sensation ressentie de vitesse ou de danger), ou par un simple reflet dans de l'eau. La silhouette imposante de Shanghaï dans une rivière argentine, répond ainsi à la simplicité de la construction de deux paysans argentins, partiellement sur pilotis. Des parallèles ou oppositions sont ainsi magnifiés par un montage brillant, qui certes pourra donner le tournis à certains, mais qui vaut sans aucun doute le détour.
En Argentine, deux paysans passent leur journée à attendre le passage de véhicules, imposant ainsi un péage lors de la traversée du pont de bois qu'ils entretiennent. Se contentant de ce qu'ils ont, ils ne courent pas après l'argent, laissant passer bon nombre de gens qui auraient déjà payé à l'aller, ou pris un abonnement... Mais dans le fond, ils n’en sont pas sûrs. Ils ne partiront pas en guerre pour cela. Du côté chinois, le débarquement des foules de piétons, cyclistes et motards, est très contrôlé, par un système élaboré de barrière automatique. L'argent semble plus important, la ponctualité et le débit aussi.
En Russie et au Chili les climats sont rudes. L'auteur, mettant en parallèle deux exploitations agricoles avec élevages de moutons, a bien du mal à mettre en évidence des différences, hormis peut-être dans le rapport aux animaux domestiques (l'un laisse entrer une multitude de chats dans sa cuisine), et à la mécanisation. Hawaï et un village du Botswana lui permettent de mettre en évidence comment l'homme cohabite avec la nature, et s'adapte à elle. L’épisode de l'Américain qui dispose d'une maison en sursis, coincée au milieu de deux coulées de laves, offre quelques vues spectaculaires. La famille du Botswana voit fréquemment divers animaux, comme des girafes, pénétrer dans leur village. Enfin, le court passage entre un parc naturel d'Espagne (avec ses insectes et ses points d'eau d'échelle réduite) et une plage de Nouvelle Zélande où vient de s'échouer une baleine, permet de mettre en évidence quelques actions de protection de la nature.
Si on note un déséquilibre flagrant en faveur des deux premiers antipodes, qui squattent plus de la moitié du film, la construction de « Vivan las antipodas ! » n'en est pas moins intéressante. Se libérant du systématisme des premières séquences, Victor Kossakovsky offre une vision diverse du rapport de l'Homme à la nature et à sa propre multitude. Des caractères placides des gens du sud, aux foules grouillantes de Chine, en passant par une nature menaçante ou menacée, « Vivan las antipodas ! » glorifie, comme son titre l'indique, les différences qui font la richesse des peuples, tout en montrant les forces et faiblesses de la nature. Une œuvre visuellement envoûtante, qui donne une furieuse envie de voyager, comme nous y incite indirectement l'auteur en captant l'un des échanges des argentins, en observant un cabot à l'arrière d'une voiture qui s'éloigne : « Ce chien verra plus le vaste monde, que nous ne verrons jamais ».
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