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Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, Violette Leduc est abandonnée par son mari qui la pousse à écrire. Elle se rend ainsi à Paris où elle découvre L’Invitée, un roman de Simone de Beauvoir, sur un ménage à trois, qui la bouleverse. Elle ne rêve plus que de rencontrer l’écrivaine et de lui remettre son premier livre qu’elle vient d’achever…
Entre le succès de "Séraphine" (7 César et plus de 700 000 entrées) et l’échec de son film suivant "Où va la nuit ?" (100 000 entrées), Martin Provost a dû gérer un autre événement : le procès pour plagiat de l’œuvre Séraphine de Senlis d’Alain Vircondelet et qui a vu la Cour de justice le condamner. Oublié, le passé ? Oui, Martin Provost a retrouvé les plateaux de tournage, mais non, il se penche à nouveau sur le destin d’une femme hors du commun du siècle passé : après Séraphine, Martin Provost nous présente Violette. Et il est peu probable qu’un autre procès survienne, le scénario étant co-rédigé avec René de Ceccatty, auteur de deux livres sur Violette Leduc.
Les présentations commencent donc toujours par son prénom (le titre des films) comme pour créer une certaine proximité avec le personnage. Violette est une femme laide, une bâtarde, qui a déjà avorté, se retrouve mariée à un homosexuel qu’elle aime pourtant plus que tout. Elle est passionnée par l’écriture mais ne s’est jamais lancée dans l’aventure du roman. C’est une femme forte et on est immédiatement subjugué par son caractère, son ouverture d’esprit, sa franchise et son intelligence. L’empathie avec le personnage, magnifiquement interprété par Emmanuelle Devos, est immédiate.
Si on connaît maintenant parfaitement son prénom, sachez qu’elle s’est aussi faite un nom dans l’univers de la littérature française. Leduc ne vous évoque certainement rien (ou sinon vous êtes un fin connaisseur), pourtant elle a foncièrement marqué son époque. Certes, elle s’est fait connaître tardivement mais ses textes ont dès ses premiers ouvrages, impressionné les grands écrivains du XXe siècle (Sartre, de Beauvoir, Genet…). Le film de Martin Provost visite ainsi la vie de Violette Leduc sur près d’une vingtaine d’années et comme s’il voulait la rendre éternelle, il ne présente ni sa naissance, ni sa mort, mais son œuvre, ses amours, sa « vie ».
On comprend, en effet, rapidement l’intérêt qu’a pu éprouver Martin Provost pour cette femme qui n’a certes rien à voir avec l’univers de Séraphine, mais qui partage avec elle ce caractère tourmenté, hors du commun, et ce destin de femme à l’ombre des grands de ce monde. Les amoureux du film "Séraphine" prendront plaisir à découvrir cette nouvelle égérie « Provostienne », ce nouveau film étant au moins aussi bon que celui sept fois césarisé. La qualité du casting y est aussi pour beaucoup. Le duo Emmanuelle Devos/Sandrine Kiberlain fait des étincelles. Leur relation platonique, ambiguë, amoureuse d’un côté, respectueuse du talent de l’autre, apporte de la tension entre les deux personnages qui ne pouvaient ni se quitter, ni se séparer. Kiberlain est royale, Devos est grandiose.
On est passionné par le travail que l’écrivaine a réalisé en si peu de livres et qui ont pourtant marqué les esprits, se confrontant parfois à la censure, de L'asphyxie à La Bâtarde, en passant par L'affamée. Le regard qu’elle portait sur les femmes en général et sur elle en particulier est fou. Les mots qu’elle utilisait étaient tout à fait nouveaux de la plume d’une écrivaine. Elle est un peu la Coco Chanel de la littérature, celle qui bouleverse à sa manière les codes établis, ici des Lettres, pour les faire voler en éclats. Assurément une écrivaine à découvrir et un film à allez voir.
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