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Un jour, Vincent se découvre un pouvoir extraordinaire : sa force et ses réflexes décuplent au contact de l’eau. Pour vivre pleinement ce don, il s’installe dans une région riche en lacs et rivières, et suffisamment isolée pour préserver sa tranquillité. Lors d’une escapade aquatique, il est surpris par Lucie, dont il tombe amoureux…
Les héros de cinéma qui se sentent dans leur élément au contact de l’eau, ça ne date pas d’hier : Luc Besson ("Le Grand Bleu") et Takeshi Kitano ("A Scene at the Sea") en avaient déjà donné une idée il y a plus de vingt ans. Les super-héros un peu barrés et atypiques, ça n’a rien de nouveau non plus, et les exemples sont trop nombreux pour les citer tous ici. Pour son premier long-métrage, Thomas Salvador a voulu combiner les deux pour un résultat qui tient hélas davantage de la bande démo que d’un vrai film. La bande-annonce prenait soin de révéler une scène-clé du film (celle de la piscine) en guise de mise en bouche, en osant l’accroche osée du « premier film de super-héros français ». La promesse d’une comédie barrée sur un homme se découvrant une force surhumaine dès qu’il est mouillé avait de quoi laisser envisager mille hypothèses de récit, mais Salvador n’en a retenu aucune, se contentant d’une narration « plus basique tu meurs ».
Du début à la fin, le scénario de "Vincent n’a pas d’écaille" limite les zigzags narratifs au profit d’une simple trame linéaire : découverte des pouvoirs, coup de foudre amoureux, révélation du pouvoir à la fille, intervention des flics, course-poursuite et fuite finale. Voilà. Et derrière cette trame à peu près aussi minimaliste que le production design, qu’y a-t-il à picorer ? En tout cas pas de véritable point de vue sur l’apprivoisement difficile d’un super-pouvoir, pas non plus d’ode à la différence pour un personnage confronté à un éventuel risque d’autarcie, et encore moins d’audace visuelle qui viendrait injecter des tonnes de burlesque à la Tati dans chaque cadre ou chaque raccord de plan. On en reste ici à une poignée d’effets-choc plus que prévisibles, se limitant à une bétonnière expédiée sur un pare-brise ou à quelques sauts dans l’eau à la manière des dauphins, avec un acteur-réalisateur qui joue un personnage muré dans le mutisme ou l’immobilisme. Pas assez barré pour surprendre, pas assez décalé pour être singulier, et surtout pas assez écrit pour susciter l’intérêt, ce premier essai laisse donc au final une vilaine sensation de gâchis.
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