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Victoria, jeune avocate, accumule les déboires amoureux. Mais comme si ce n’était pas suffisant, sa vie semble exploser. Et ce n’est pas en engageant un ancien dealer comme babysitter et en défendant son meilleur ami accusé d’une agression contre sa femme qui va arranger les choses…
Grâce à "La Bataille de Solférino", Justine Triet avait été érigée en fer de lance d’une nouvelle mouvance dans le cinéma indépendant français. Il faut dire que sa mise en scène bouillonnante, caméra à l’épaule, de la chronique des déboires d’une journaliste au moment de l’élection présidentielle (assurer les directs alors que son ex pète les plombs comme jamais) avait quelque chose de profondément singulier. La fougue et l’énergie qui se dégageaient de ce premier long métrage lui avaient valu les louanges des critiques. Pour son second film, le cadre s’est stabilisé, l’aspect quasi-documentaire a disparu pour laisser place à une grâce nouvelle, une imagerie assumant parfaitement ses inspirations.
Comme l’indique son titre, l’histoire est celle de Victoria, une avocate qui multiplie les galères, sentimentales d’abord, puis rapidement professionnelles. Lâchée par son babysitter, harcelée par son ex, épuisée de ses « plans cul » sans lendemain, la jeune femme est au bord de la dépression, celle qu’on ne voit pas forcément venir mais qui ne cesse inlassablement de gagner du terrain chaque jour. Comme dans son précédent projet, la réalisatrice peut s’appuyer sur ses qualités d’écriture pour imaginer un scénario subtil et ingénieux. Si cette comédie est moins loufoque dans sa forme, elle compense par des rebondissements barrés voire lunaire (un singe et un chien témoignent à un procès) et un rythme plus soutenu. Bienveillant et envoûtant, le film autopsie avec style la lente explosion de la bulle que s’était créée la fameuse Victoria.
Mais ce qui fait la force de ce film, c’est également son interprète principale, Virginie Efira. Après son passage chez Emmanuel Mouret, la talentueuse comédienne confirme qu’elle peut aller sur des comédies plus exigeantes. Plus magnifique que jamais (l’objectif de Justine Triet épousant parfaitement chacun de ses mouvements), l’actrice parvient à trouver le ton juste, amenant son personnage dans un entre-deux où le spectateur ne sait pas s’il doit rire ou être attristé. Les névroses de cette femme, incapable de vraiment aimer, enfermée dans ses paradoxes et dans un espoir désabusé (elle multiplie les aventures pour retrouver un appétit sexuel, transforme Vincent Lacoste en homme à tout faire pour avoir l’impression de contrôler quelque chose à nouveau), sont aussi drôles que touchantes. Avec cette œuvre tragicomique, Justine Triet confirme tout le bien qu’on pensait d’elle.
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