affiche film

© Gaumont Distribution

VERTIGE


un film de Abel Ferry

avec : Fanny Valette, Johan Libéreau, Raphaël Langlet, Nicolas Giraud, Maud Wyler

Un groupe d’amis, séparés pendant un long moment, décident de se retrouver au cours d’un week-end en se lançant sur une « via ferrata », une voie d’escalade à flan de montagne. Mais le vertige des sommets et quelques tensions vont très vite compliquer leur expédition en altitude, jusqu’à en faire un véritable cauchemar lorsqu’ils s’apercevront qu’ils ne sont pas seuls dans les environs…


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Photo film

Tout est dans le titre !

À force de trop faire pencher la balance du côté du manque d’ambition et de moyens en dépit de quelques uppercuts massifs ("Martyrs", "La Horde", "Frontière(s)", etc…), le cinéma d’horreur à la française ressemble désormais un peu à un terrain vague sur lequel il y aurait tout à reconstruire. Et au sein de cette galaxie, même lorsque les films sont bons et débordent de véritables qualités de mise en scène, il y a toujours les distributeurs pour leur bloquer l’accès au public. Tel fut le destin cruel de "Vertige", thriller sous très haute tension en altitude, réalisé par un jeune cinéaste connu pour ses courts-métrages et qui file ici droit à l’essentiel sans donner la moindre microseconde de répit à son audience. Un échec au box-office bien regrettable, tant on tient ici l’une des rares perles hexagonales du genre, à jouer de la malice et de l’originalité pour emballer un résultat non dénué d’une vraie classe visuelle. Tourné sans trucages et sans doublures, en conditions réelles, en un temps record (à peine 35 jours !) et avec le budget café-croissants du dernier "Transformers", le film se veut presque une exploration graduelle de la peur, débutant sur une escalade en montagne qui vire peu à peu au désastre pour ensuite lorgner du côté du survival hardcore, en confrontant les cinq héros à un montagnard sadique et défiguré. Avec, comme démarche d’un réalisateur avant tout cinéphile, la modestie de ne pas chercher à tout prix à transcender le genre ou à le parodier, mais au contraire à l’honorer avec un premier degré des plus affirmés.

On pourrait le croire sous influence du terrifiant "The Descent" de Neil Marshall, mais Abel Ferry tend ici à inverser le processus : ne plus s’aventurer vers le bas (aussi bien les grottes souterraines que les bas-fonds de la sauvagerie humaine), mais capter une certaine forme de « survie ascensionnelle », où l’altitude et la sensation de hauteur se vivent comme un moyen pour chacun d’affronter ses peurs et de surpasser ses limites. En cela, Ferry exploite à merveille ses décors naturels, donnant ici de la nature l’image d’un territoire minéral et menaçant qui, de par la combinaison entre son absence de règles et l’inconscience de ses visiteurs, va peu à peu accentuer le retour de chacun à l’état bestial. Sans compter que les tensions au sein du groupe, a priori aussi captivantes que celles d’un épisode de "Plus belle la vie", ne font qu’intensifier cette dérive. Chaque séquence se voit ici sublimée par une mise en scène impressionnante, illustrant la sensation de vertige par des idées de cadres et de perspectives, sans oublier le choix du format Scope qui renforce la sensation étouffante de huis clos. Quant au dernier quart d’heure, sa violence extrême met nos nerfs à très rude épreuve, histoire de finir ce bon coup de "Vertige" sur la sensation d’avoir vécu exactement ce que promettait l’affiche. L’expédition sera donc mouvementée. On en sortira épuisé, mais comblé.

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