© EuropaCorp Distribution
Valérian et Laureline sont envoyés sur une planète pour récupérer le dernier transmuteur, un petit animal capable de reproduire en grand nombre tout ce qu’il ingurgite. Mais rapidement, les deux agents fédéraux vont se rendre compte que leur mission n’est pas celle qu’ils pensaient. Seuls, ils vont devoir déterrer du passé de terribles secrets pour espérer sauver la cité Alpha…
Le voilà enfin le tant attendu « plus grand film français de tous les temps » comme aiment le titrer les journaux. Car avec son budget pharaonique, de 180 à 197 millions d’euros selon les sources, ce "Valérian" est en effet le film hexagonal le plus cher de notre histoire, ayant même abouti à l’amendement de la loi autour du crédit d’impôt dans l’industrie cinématographique, afin de permettre son tournage chez nous. Et dès les premières minutes, la réputation qui le précède s’avère être à la hauteur de l’ambition visuelle déployée. Nous voilà dans un monde féerique d’une richesse esthétique folle, où tous les possibles deviennent réalité, où chaque coin de l’image a été pensé pour émerveiller le spectateur. Dans un univers qui rappelle souvent "Le Cinquième Élément" et parfois "Arthur et les Minimoys", Luc Besson étale un nombre impressionnant d’extraterrestres, de créatures en tout genre, redessinant une faune et une flore aussi sublimes qu’imaginatives.
Cependant, un peu comme "Avatar" avait souffert d’un scénario trop manichéen, l’intrigue demeure le grand point faible de cette fresque SF. En suivant Valérian et Laureline, deux agents fédéraux de l’espace en quête de vérité autour de la mystérieuse disparition de la planète Mül, le réalisateur en profite surtout pour nous balader dans tous les recoins de cette galaxie. L’intrigue entourant ce peuple décimé et tous les rebondissements qu’elle va impliquer demeurent au final très anecdotiques par rapport au véritable thème du métrage : l’amourette entre les deux personnages principaux. Car si l’on pouvait s’attendre à un grand space opera façon "Star Wars" (et plusieurs scènes de combats de vaisseaux d’une très grande qualité viendront confirmer cet aspect), le film est avant tout et surtout la chronique sentimentale de deux êtres inséparables. Dans ce jeu du chat et de la souris, les deux jeunes et glamours Cara Delevingne et Dane DeHaan font des étincelles, permettant au film de flirter dangereusement avec le mélodrame niais sans jamais s’y perdre.
Plus teenage movie que fantasy pour adultes, "Valérian et la Cité des Mille Planètes" souffre incontestablement de sa longueur et de son manque de considération pour les seconds rôles (même si, à ce titre, Rihanna tire clairement son épingle du jeu). Avec son méchant archétypal, des péripéties un brin répétitives et un enjeu trop limité, le film annihile inéluctablement la sidération des premières minutes, notre engouement pour la créativité visuelle s’estompant au fur et à mesure de dialogues très mielleux (la phrase « l’amour est plus fort que tout » devrait définitivement être radiée de tout script respectable). Si le fond ne parvient jamais à atteindre le niveau de la forme, "Valérian" n’en demeure pas moins un projet essentiel et fondateur pour le cinéma français, la preuve (s’il la fallait) que nous disposons des techniciens et des compétences pour aller rivaliser avec nos voisins sur le terrain du blockbuster. Pour cette magie dégagée et le plaisir de regarder à nouveau avec des yeux d’enfant, le métrage mérite largement le détour. Parce qu’il s’agit d’un geste de cinéma aussi pur que démesuré, empreint à chaque seconde par la patte d’un cinéaste qui ose tout, que l’on aime ou que l’on déteste.
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