© Potemkine Films - Agnete Brun
Île d’Utøya, Norvège, le 22 juillet 2011, de nombreux jeunes travaillistes se réunissent pour leur camp d'été. A 15h à Oslo, plusieurs déflagrations se font entendre. Mais alors que les autorités en recherchent l'auteur, celui-ci débarque sur l'île, se faisant passer pour un policier, et ouvre le feu sur les jeunes gens...
Erik Poppe, dont le précédent long métrage, "The King's choice", film historique relatant la reddition de la Norvège au début de la Seconde Guerre Mondiale, est encore inédit en France, nous revient déjà avec un film passé par la compétition berlinoise en février dernier. S'attaquant ici à l'un des faits divers les plus atroces de ces dernières années, l'attaque terroriste sur l'île d'Utoya, en juillet 2011, ayant fait plus de 70 morts et des centaines de blessés ou traumatisés, il prenait forcément un risque, l’Histoire trop fraîche dans les mémoires, n’étant souvent pas traitée avec objectivité ou recul. Mais il y avait là un enjeu double : celui qu’un Norvégien prenne à bras le corps cette histoire, avant qu’un Américain ne s’en empare (Paul Greengrass avec "Un 22 juillet", sorti directement sur Netflix après sa présentation à Venise).
Choisissant de nous immerger dans l'horreur avec un récit en temps réel et une caméra portée proche de ses personnages, voire par moments subjective, il réussit à la fois à décrire une page d'Histoire réaliste et à rendre hommage aux victimes. Une chose que n'a pas réussi, dans un registre proche, Clint Eastwood avec son navrant "15h17 pour Paris", sorti au printemps, la faute à un choix peu judicieux d’aller creuser dans le passé des protagonistes de manière excessive. Loin de vouloir expliquer le courage de ceux qu’il suit (principalement une jeune fille et sa petite sœur, dont c’est le premier « camp »), il parvient tout de même à créer l’empathie, provoquant une trouble terreur qui gagne aussi le spectateur.
Le film donne ainsi l'impression d'être un unique et vertigineux plan séquence, donnant à voir non seulement la traque, mais surtout à palper l’essence de l’instinct de survie. Avec une redoutable efficacité, camera à l'épaule, Erik Poppe parvient à transmettre l'incompréhension, le doute, la peur et le désarroi de ces jeunes gens confrontés à l'ombre de la mort. Quasiment jamais personnifiée, la menace ne s’exprime qu’au travers d’éléments sonores (tirs, cris…) et le tireur n'apparaît qu'à deux reprises sous forme d'une silhouette fantomatique. Un parti-pris qui renforce encore le sentiment d’impuissance et l’angoisse qui se dégagent de ce thriller redoutablement efficace.
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