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Après s'être mariée au pays avec le fils d'une famille turque émigrée en Autriche, Ayse découvre sa vraie place au sein d'un clan où tout le monde ne voit pas son arrivée d'un bon œil...
À peine une semaine après la sortie d'« Almanya », un nouveau film sur l'immigration turque en pays germanique (ici l'Autriche) sort sur les écrans. Prenant exactement le contre-pied de l'angélique film de Yasemin Şamdereli, « Une seconde femme » n'a rien du conte, le scénario s'orientant d'emblée vers la chronique sociale, aussi généreuse en apparence que rude sur le fond. Car le destin d'Ayse est de devenir femme de remplacement, prête à servir le père, dans les tâches ménagères comme dans l'assouvissement de ses pulsions primaires.
La jeune fille ne peut être plus docile, prête à jouer le jeu de l'intégration sous l'influence d'une mère qui la prend sous son aile et cherche à lui inculquer les gestes rudimentaires tout comme la discrétion que nécessite la situation, culturellement inacceptable en occident. Mais face à l'innocence incarnée par cette jeune femme qui découvre la vie et les responsabilités familiales, face à un mâle que l'on croit d'abord tout puissant, c'est finalement au portrait d'une mère ingrate et manipulatrice que nous convie Umut Dağ. Ne déviant jamais de ses objectifs, elle semble contrôler tous ses descendants dont elle a choisi les destins pour le prétendu bien de la famille.
Empreint du poids des traditions, « Une seconde femme » interroge sur la toute puissance de l'homme et sur le rôle matriarcal, retranchant chacun des personnages dans ses ultimes limites, face à l'inacceptable. Bouleversant, ce récit qui semble parfois d'un autre temps, emprunte dès sa première moitié des chemins inattendus, n'hésitant pas à jouer de sauts dans le temps des plus trompeurs. Créant ainsi la surprise, cette chronique d'une exploitation éhontée dessine les contours d'une génération dont les valeurs changent et d'une possible émancipation.
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