© UGC Distribution
Simon Weiss retrouve son chauffeur d’une nuit, Laurence Deray, pour sa tournée quotidienne des établissements nocturnes. Simon est flic et fait partie de « la mondaine », une brigade chargée de faire régner l’ordre dans ce monde à part des boîtes et clubs parisiens, tenus pour la plupart par des individus peu recommandables. Pourtant, cette nuit ne sera pas tout à fait comme les autres. Régnant jusque là en maître, Weiss sent que le vent a tourné et qu’on est peut-être en train de lui tendre un piège...
« Une nuit » ressemble à un polar comme on en voit tant d’autres, mettant en scène un flic obligé d’adopter des méthodes peu conventionnelles pour tenir un univers qui ne l’est pas moins. Mais la différence entre Weiss et un flic simplement violent ou corrompu, est que son levier de domination n’est ni l’argent ni la drogue : c’est la possibilité d’interdire à un établissement d’ouvrir, et donc de générer du business. Aussi, Weiss n’hésite jamais à mentir, manipuler, conclure des marchés tendancieux avec les gérants, user gratuitement de la violence et menacer les établissements de fermeture, pour au final parvenir à maintenir un certain équilibre dans un univers décrit comme largement frauduleux.
Le sujet s’avère donc assez fascinant, montrant une facette du métier de policier que l’on connaît mal, et dressant un portrait original de la nuit parisienne, que peu d’oiseaux nocturnes peuvent se targuer de vraiment connaître (la plupart des lieux évoqués et visités existent vraiment). Néanmoins, face à la déferlante de lieux et de personnages, qu’on appréhende souvent au travers de conversations téléphoniques où seul le prénom de l’interlocuteur est évoqué, le spectateur s’y perd assez vite. La personnalité silencieuse de Weiss, qui ne dit quasiment rien à son chauffeur de toute la tournée (on se demande d’ailleurs ce qui a pu motiver le choix de Sara Forestier pour le rôle de Laurence Deray, qui n’intervient vraiment que dans cinq minutes du film) et n’apporte, même indirectement, jamais aucun éclaircissement sur ses agissements, n’aide pas à y voir plus clair.
« Une nuit » est donc un film sombre et noueux, qui prime davantage pour son atmosphère que pour son récit. Il vaut également le détour pour son personnage, Simon Weiss, dont l’excellent Rochdy Zem parvient à retranscrire toute la complexité et toute l’ambiguïté. Point de jonction entre le monde de la nuit et la police, il force l’admiration pour sa capacité à définir ses propres règles, à nouer des alliances et pour sa fidélité envers son ami, le tout aussi ambigu Garcia (convaincant Samuel le Bihan). L’intérêt pour les personnages ayant pris le dessus, on regrette alors le choix d’une fin écrite comme un twist à l’américaine. Un peu trop facile, elle vient gâcher le souvenir d’un film à l’ambiance captivante.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais