affiche film

© Wild Bunch Distribution

UNE HISTOIRE D’AMOUR


un film de HĂ©lĂšne FilliĂšres

avec : Benoßt Poelvoorde, Laëtitia Casta, Richard Bohringer, Reda Kateb...

Un riche banquier et une belle inconnue se voient chaque nuit en secret, pour s’adonner Ă  des jeux amoureux faits de domination et de soumission. Peu Ă  peu, leurs sentiments se brouillent, leur raison s’égare. Serait-ce le dĂ©but d’une histoire d’amour ? À moins que ça n’en soit la fin



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Photo film

Et le vide se fit

AdaptĂ© du roman « SĂ©vĂšre » de RĂ©gis Jauffret, lui-mĂȘme inspirĂ© de l’affaire Stern (attention, si vous ne connaissez pas l’affaire en question, vous renseigner reviendrait Ă  vous spoiler l’issue du film), ce premier long-mĂ©trage d’HĂ©lĂšne FilliĂšres (elle est Sandra Paoli dans la sĂ©rie « Mafiosa », mais surtout l’actrice fĂ©tiche de sa sƓur, Sophie, rĂ©alisatrice) propose de raconter un fait divers de façon somme toute originale. En effet, plutĂŽt que de se focaliser sur le dĂ©nouement, elle choisit d’imaginer ce qu’aurait pu ĂȘtre la relation des deux protagonistes, et la façon dont elle a pu provoquer leur dĂ©route. Plus intĂ©ressant encore : elle Ă©vacue toute information contextuelle ou sociale (on sait juste qu’il est banquier et qu’elle est mariĂ©e), se concentrant sur son principal sujet : la relation sado-masochiste entre deux ĂȘtres qui ne se connaissent pas mais qui ne peuvent se passer l’un de l’autre.

La mise en scĂšne dĂ©coulant de ce parti-pris est donc sĂšche et dĂ©pouillĂ©e. DĂšs la toute premiĂšre image, montrant un Poelvoorde nu comme un ver et ficelĂ© de la tĂȘte aux pieds, on comprend que le film sera cru, froid et sans dĂ©tours. Des dĂ©cors aux vĂȘtements, tout est Ă©purĂ© Ă  l’extrĂȘme, dĂ©pouillant les lieux et personnes de toute Ăąme, les rĂ©duisant Ă  de pures unitĂ©s narratives. Et comme seuls comptent les personnages, HĂ©lĂšne FilliĂšres choisit de braquer sa camĂ©ra inlassablement sur eux, usant de longs plans circulaires qui ne laissent rien Ă©chapper. On assiste ainsi Ă  un vĂ©ritable exercice de style, pari plutĂŽt osĂ© tant pour l’apprentie cinĂ©aste que pour ses deux acteurs, qui ne nous ont pas habituĂ©s Ă  un tel registre (si ce n’est Poelvoorde, dont l’agressivitĂ© et la fragilitĂ© latentes semblent le prĂ©disposer Ă  son rĂŽle).

Malheureusement, la qualitĂ© du film s’arrĂȘte Ă  son intention. Car si l’entreprise est louable, le rĂ©sultat n’est pas aussi intĂ©ressant qu’escomptĂ©. Totalement dĂ©pourvu d’ñme, trop clinique dans sa volontĂ© de dissĂ©quer les comportements, et parfois mĂȘme caricatural dans sa posture contemplative, « Une Histoire d’amour » plane trop haut pour toucher. Le personnage de Bohringer, en mari laissĂ© pour compte, n’apporte rien. La construction en flash-backs, qui permet de rythmer quelque peu la narration, passe quasiment inaperçue. La totale dĂ©sincarnation des personnages, et donc leur superficialitĂ©, ne parvient jamais Ă  rĂ©vĂ©ler quoi que ce soit de leur relation, ni de leur nature
 Alors Ă  quoi bon ? DerriĂšre le nacre, le vide et l’ennui, inĂ©luctables. Jusqu’aux cinq derniĂšres minutes du film oĂč l’on sent, enfin, poindre une once d’émotion.

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