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Après la Seconde Guerre mondiale, démarre une démarche ambitieuse : décentraliser la culture théâtrale pour que le peuple français ait accès à cet art – et pas seulement une élite parisienne. Jean Dasté prend la tête de la Comédie de Saint- Étienne, Jean Vilar du TNP de Villeurbanne, Maurice Sarrazin du Centre dramatique de Toulouse…
Le sujet en lui-même est forcément enthousiasmant et intrinsèquement touchant. Ce documentaire a au moins ce mérite : mettre en lumière une démarche culturelle profondément humaine en ce sens qu’elle était généreuse car ouverte vers le peuple. Malheureusement la forme n’est pas à la hauteur du sujet en proposant un récit très didactique qui donne souvent l’impression de regarder une accumulation de témoignages et d’anecdotes – lesquelles ne manquent toutefois pas de piment et de passion.
Alors que le titre prétend nous embarquer dans une aventure, c’est à un voyage assez statique que l’on assiste. De brèves ponctuations musicales (de Jonathan Harvey) tentent de dynamiser l’ensemble mais elles ont plutôt tendance à apporter une tonalité à la fois triste et snob. Paradoxalement, les archives semblent plus vivantes que les images tournées pour les besoins du film et parviennent ponctuellement à stimuler le spectateur.
Un sentiment de frustration domine donc car il y a une certaine contradiction dans le résultat : alors que la décentralisation avait réussi à ouvrir à un public large un art devenu élitiste (et qui a malheureusement tendance à le redevenir), ce documentaire ne rend pas cette histoire populaire et accessible. Les passionnés de théâtre ou les amateurs d’histoire sociale pourront y trouver leur compte, les cinéphiles beaucoup moins et les spectateurs lambda encore moins.
Sur un sujet connexe, il est préférable de regarder le moyen métrage documentaire "Il n’y a pas de nom plus beau" d’Alexandre Donot, qui utilisait d’ailleurs certaines archives visibles dans "Une aventure théâtrale" – dont les magnifiques photos d’Ito Josué sur le public ouvrier de Saint-Étienne. En étant humainement, géographiquement et chronologiquement plus restreint dans ses choix, Daniel Cling aurait pu lui aussi rendre un meilleur hommage à son sujet.
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