Tension intermittente

Avec son premier film, Les corps impatients, Xavier Giannoli avait su toucher, sans faire du drame personnel de son héroïne féminine, un objet de voyeurisme. Le revoici deux ans plus tard, avec Une aventure, film centré lui aussi sur un personnage féminin, cette fois-ci plus fuyant que volontaire et fort. Ludivine Sagnier prête sa finesse et sa sensualité à cette femme mystérieuse, que le réalisateur approche au travers du regard curieux d’un voisin, interprété par Nicolas Duvauchelle. C’est que naît une sorte de thriller, mélange d’enquête quotidienne sur cette Gabrielle, apeurée et solitaire la nuit, sûre d’elle et accompagnée d’une nourrice d’un âge proche, confidente jalouse et forte tête.

La tension est bien présente dans certaines scènes, notamment lorsque Bruno Todeschini, l’amant de Gabrielle est présent, incarnant le venin qui la ronge. Mais étrangement, les scènes les plus captivantes, ne sont ni celles entre Sagnier et Duvauchelle, ni celles de somnambulisme, thème central du film, mais finalement sans grand intérêt. Ce sont en fait celles où Céline (Florence Loiret, captivante) raconte en voix-off, ce qu’elle croit savoir de l’histoire, et ce que son petit ami Duvauchelle a bien voulu lui en raconter. A chacune d’elles, l’émotion pointe immanquablement. Mais elle manque cruellement au reste du film, sombre, mais peu prenant.