© Universal Pictures International France
Isabelle semble avoir la vie parfaite. Belle, épanouie, riche, heureuse en couple, rien ne lui résiste. Toutefois, une légère ombre va apparaître au tableau : une malédiction familiale qui anéantit toute chance de réussite d’un premier mariage. Sûre que Pierre est l’homme de sa vie, elle va alors s’attacher à trouver le parfait pigeon à épouser pour pouvoir divorcer dans l’instant suivant, afin de contourner cette malédiction. Mais ses plans vont être fortement mis à mal par la personnalité délurée de la victime qu'elle a trouvée...
Après l’engouement suscité par sa première réalisation, la pépite du Printemps 2010, « L’Arnacoeur », qui avait soufflé un grand vent de fraîcheur bienfaiteur sur la comédie française, Pascal Chaumeil était grandement attendu au tournant avec son deuxième long-métrage, une nouvelle comédie romantique. Fort de ses quelques 3,5 millions d’entrées, le metteur en scène s’est vu offrir un budget conséquent pour mener à bien son nouveau projet, lui permettant de planter son décor au Kenya, en Belgique et en Russie. Cette fois-ci, il n’est plus question de briseurs de couples professionnels mais au contraire d’une femme prête à tous les efforts pour sauver la prospérité de son couple, y compris à se marier avec un inconnu pour conjurer le sort et enterrer définitivement une malédiction ancestrale.
Néanmoins, coupons court à tout éventuel suspens, « Un Plan Parfait » n’atteint jamais la magie de son prédécesseur, ne parvenant ni à multiplier les trouvailles et les innovations, ni à retrouver l’alchimie qui existait entre les différents comédiens. En choisissant de revenir sur le même terrain, la comédie romantique et ses questions récurrentes (Suis-je en train de faire le bon choix ? Dois-je suivre la raison ? Dois-je écouter mes doutes et mon cœur pour changer de vie ?), le réalisateur se tire indéniablement une balle dans le pied, la comparaison avec son précédent opus devenant inévitable.
Mais l’analogie se retrouve également dans le scénario, Chaumeil n’hésitant pas à reprendre les mêmes ressorts qui firent son succès jadis : un rythme soutenu, une scène de danse révélatrice de la passion des deux protagonistes (qui, ici, trouve son sens dans la répétition de celle-ci), un obsédé sexuel (Jonathan Cohen, certes volontaire, mais n’arrivant jamais à la hauteur de François Damiens). Pire, pour dresser le portrait de son héroïne, le metteur en scène lui octroie les mêmes traits de caractère : une petite bourgeoise engagée dans un quotidien banal, froide et distante, qui va s’ouvrir progressivement aux spectateurs et à son partenaire au fil des minutes. Si le dicton « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe » s’applique en gastronomie; au cinéma, il est bien souvent plus pertinent d’essayer d’innover que de recycler les recettes glorifiées, le spectateur ne s’y trompant pas.
Malgré le talent des deux acteurs, les péripéties de leur personnage peinent à trouver un écho chez le spectateur, une difficulté encore renforcée par le choix de narration. En effet, les scénaristes ont opté pour un récit avec narrateur, la famille d’Isabelle (Diane Kruger) se retrouvant à table pour raconter à une tierce personne, substitut du public, l’aventure qu’a connue la belle avec Jean-Yves (Dany Boon). Si ce procédé donne lieu à quelques saynètes plutôt réussies, il finit par lasser le spectateur, ralentissant le rythme à des moments pas toujours opportuns. Diane Kruger, impeccable, illumine la pellicule, mais son personnage, certainement pas suffisamment travaillé, rend très compliquée toute empathie pour sa personne (sauf dans le dernier quart du métrage). C’est ainsi que, pour compenser cette faiblesse, le metteur en scène semble avoir donné carte blanche à Dany Boon, le film se métamorphosant en un one-man show calibré pour le comédien.
Certes, les rires seront nombreux et quelques séquences surprennent par leur originalité (le simulateur d’apesanteur, ou le mariage kenyan notamment) mais l’ensemble reste bien trop faiblard et brouillon pour susciter un engouement général. Si les questions fusent dans notre esprit sur les raisons de ce semi-échec, nous sommes en droit de nous demander si Pascal Chaumeil n’a pas été érigé un peu trop tôt en prince du renouveau des romcoms à la française, celles qui n’ont rien à envier aux productions étrangères, d’autant plus lorsque l’équilibre bancal de ce titre ne tenait qu’à un seul métrage. Sa rencontre avec la figure de l’humour chti et mercenaire du box-office français déçoit sans conteste; néanmoins, il en reste un projet bien supérieur à l’ensemble des autres productions œuvrant sur les mêmes réflexions. Le « plan parfait » présente bien quelques failles, mais il était suffisamment élaboré pour ravir les spectateurs les moins exigeants et contenter les plus coriaces. Et si quelques regrets parviennent jusqu’à nous, les pitreries de Dany Boon finiront par nous les faire oublier, nous offrant bien « un plan (presque) parfait ».
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