© Paramount Pictures France
Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir...
Comme quoi il ne faut jamais désespérer sur l’état de la comédie française : même si quatre films sur cinq ne suscitent rien d’autre qu’une avalanche de facepalm, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Pour ce premier tiers de l’année 2015, c’est à un acteur français que l’on doit un des rares prototypes récents de comédie hexagonale fine et touchante : ce cher Clovic Cornillac, un acteur surdoué, certes à l’aise dans tous les genres qu’il a osé explorer, mais que l’on avait un peu perdu de vue à force de le voir récemment gâcher sa carrière dans des produits ni écrits ni réalisés (la liste est longue, mais l’infâme "Protéger et servir" d’Eric Lavaine occupe sans doute la première place…). Le bonhomme revient cette fois-ci avec une nouvelle comédie, à cheval entre le burlesque pur et la romance décalée, qu’il s’est d’ailleurs lui-même chargé d’écrire et de réaliser après que sa femme Lilou Fogli – également actrice dans le film – lui ait raconté une anecdote personnelle.
Une anecdote qui, pour le coup, constituait un sujet de cinéma génial : imaginez un homme qui n’aime pas le bruit – il crée des casse-têtes – et une femme pianiste, vivant dans des appartements voisins, et qui, en raison d’un mur mal insonorisé entre les deux locaux, vont devoir apprendre à cohabiter sans se voir. Cornillac s’empare de ce concept brillant de comédie à l’américaine – très Blake Edwards dans l’âme – avec une vraie maîtrise de l’espace et du cadre, au gré d’un découpage remarquablement agencé, et parvient même à contrer le risque du vaudeville théâtral par de jolies astuces de narration – il faut dire que 80% du film est concentré dans le va-et-vient entre les deux appartements. D’une enfilade de vacheries hilarantes en guise d’amuse-gueule jusqu’à une scène magistrale où les deux protagonistes organisent un « dîner à quatre » en se parlant à travers le mur, l‘acteur-réalisateur se fait inventif, subtil dans l’installation progressive du rire, et surtout attaché à privilégier le non-dit et la gestuelle sur le verbe. Y a pas à dire, ça change…
Ce qui ne change hélas pas vraiment, ce sont plutôt les ressorts comiques, pour le coup relativement éculés et déjà vus ailleurs – ça fait encore rire quelqu’un de voir une jolie femme lâcher un énorme rot face à un inconnu ? Il en est aussi de même pour les enjeux romantiques du film, totalement prévisibles dès le premier quart d’heure si l’on a déjà vu ne serait-ce que dix comédies romantiques dans sa vie. Mais la conviction de ses quatre acteurs principaux, tous irréprochables, et l’indéniable maîtrise dont Cornillac fait preuve en tant que réalisateur ont vite fait d'amenuiser ces légers reproches. Pas de quoi frapper un grand coup, certes, mais les encouragements sont très largement mérités. On prend d’ores et déjà rendez-vous pour un second film…
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