© Memento Films Distribution
Alors que son mari a été victime d'un malaise, une femme ne comprend pas pourquoi un traitement expérimental a été refusé à celui-ci. Angoissée, elle essaye de joindre désespérément le médecin coordinateur de leur assurance, pour le faire revenir sur sa décision. Mais celui-ci fait tout pour l'éviter..., à la fois forte et émouvante, profonde et « jaunement » drôle.
C'est à la fois avec curiosité et impatience qu'on attendait le dernier film du mexicain Rodrigo Plá, révélé avec le percutant "La Zona" et absent des écrans depuis "La Demora", en espérant un nouveau film à la fois efficace et politique. Ses aficionados ne seront pas déçus, car le voici qui nous revient avec un film d'un cynisme absolu, épinglant avec ingénuité un système d'assurance maladie profondément perverti. Une œuvre présentée en ouverture de la section Orrizonti du Festival de Venise 2015, à la fois forte et émouvante, profonde et « jaunement » drôle.
L'auteur nous entraîne ainsi dans le sillage d'une mère de famille lambda, décidant d'obliger le médecin coordinateur à revoir son avis sur un traitement expérimental, quitte à tout risquer pour ne pas perdre ce qui lui est le plus cher. Ou comment une citoyenne quelconque décide de s'attaquer à un système, dont elle découvre (avec le spectateur), les rouages bien huilés et les tentaculaires perversions. Ainsi, sur le même principe que le sublime "Louise Michel" de Gustave Kervern et Benoît Delépine, ce sont les divers échelons de responsabilité d'une compagnie d'assurance maladie qui vont se révéler.
D'une simple discussion qui tourne au cauchemar, la dame entraînant dans son sillage son fils, victime indirecte de sa détermination à réparer une injustice, le réalisateur construit un film à tiroirs, suggérant d'emblée une fin malheureuse, grâce notamment à des éléments sonores évoquant un futur procès. Mettant en place son système narratif implacable, convoquant tour à tour les différents témoins, usant à bon escient du hors champs ou de bribes de mêmes scènes montrées sous un angle différent, Rodrigo Plá dessine façon puzzle le portrait d'un peuple soumis au pouvoir de puissants souvent synonymes d'escrocs. Ingénieux, politiquement inévitable, « Un monstre à mille têtes » s'affirme comme un récit de la corruption systémique, émouvant et volontairement contestataire.
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