© Sony Pictures Releasing France
En 2005, le jeune texan Billy Lynn, 19 ans, est devenu un héros aux yeux de tous les États-Unis, pour avoir défendu son sergent, à terre, lors de féroces combats en Irak. Une vidéo le montrant en train de riposter face à l'ennemi a fait le tour des médias, et le voilà contraint, avec son bataillon, à une tournée ventant leur héroïsme, ceci avant de retourner au front. À moins que sa sœur ne parvienne à l'en dissuader...
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec "Un jour dans la vie de Billy Lynn", Ang Lee ("Tigre et Dragon", "Le Secret de Brokeback Mountain") ne caresse pas l'Amérique dans le sens du poil. On s'étonnera moins alors de la faible distribution du film et de son absence totale du côté des Oscars dont le réalisateur hongkongais est d'habitude l'un des chouchous (il a remporté par deux fois l'Oscar du meilleur réalisateur). Découvrir son film dans sa version originale (il a été tourné en 3D) a été du coup une chose quasi impossible. D'où certainement la sensation, qui perdure tout au long de la projection, de manquer en permanence quelque chose, lors de plans que l'on sent potentiellement marquants (zooms terminant sur des gros plans de visages, tentatives d'immersion dans le show à la mi-temps du match...).
Dans ce que l'on peut voir comme un pamphlet, le cinéaste hongkongais montre par petites touches un terrible visage de l'Amérique ordinaire, empêtrée dans son propre et navrant spectacle, ses montagnes d'argent brassé, et son hypocrite vision du héros. La scène de discussion avec la pom-pom girl dans l'une des entrées du stade, est à ce titre un grand moment de cinéma, provoquant l'effroi escompté, et donnant tout son sens au propos. On note ça et là également quelques dialogues bien sentis, notamment lors du repas de la troupe, quand un homme d'affaires texan vient s'inquiéter de la situation en Irak, avec en arrière pensée son propre business sur le fractionnement hydraulique.
Soulignant ainsi l'absurdité d'un conflit lié au pétrole étranger, dont on cherche paradoxalement à s'affranchir, Ang Lee vise dans le mille mais ne passionne guère. Il faut dire que l'ensemble du récit n'est pas aidé par le choix d'un acteur un peu trop « poupon » (Joe Alwyn) et une mise en scène qui reste en apparence très sage. Ajoutez à cela une série d'enchaînements pas très fluides, voire trop rapides par moment, et une forte immersion dans la culture US (sport local, militarisme militant...) et le spectateur français restera probablement assez imperméable au spectacle, malgré toute l'intelligence du propos.
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