© Océan Films
Jeanne, pianiste qui joue pour ses amis riches de Paris, héberge Charles, petit vieux sans le sou qui marche la journée dans la rue aux côtés des retraités qui manifestent dans l'espoir de vivre plus confortablement. Un jour le concert de piano est quelque peu gâché par le chien bruyant de Charles et Jeanne s'emporte contre le maître de l'animal, lui demandant alors de quitter la maison... Il ira d'abord à l'hôpital, sur les conseils du futur mari de Jeanne, puis c'est la rue qui l'attend, la manche, les poubelles, les restos du cœur... Sympa pour finir ses vieux jours !...
Le retour à l’écran d’une figure comme Jean-Paul Belmondo ne peut pas passer inaperçu. Bébel est une légende vivante qui a enthousiasmée des millions de Français dans les années 70 puis a décliné au milieu des années 80 pour ne faire plus que des apparitions dans les années 90 et être totalement absent depuis les années 2000. Mais Bébel est une légende vivante et Francis Huster compte bien nous le rappeler.
Si Jean-Paul Belmondo s’est écarté des plateaux de cinéma, c’est pour des raisons de santé. Sept ans après son accident vasculaire cérébral, Belmondo a gardé les stigmates de la maladie : il peine à marcher et peine à parler. Mais il n’a pas perdu sa combativité et a souhaité rendre hommage aux malades en leur insufflant une onde de courage et d’espoir, en leur montrant qu’on peut encore faire quelque chose. De courage et d’espoir, il en est d’ailleurs question dans « Un homme et son chien », deuxième long-métrage de Francis Huster qui a adapté Vittorio de Sica et son « Umberto D. », sorti en 1952, dont l’histoire n'a rien perdu de son actualité.
L’histoire est celle d’un vieil homme hébergé par une ex-femme de sa vie et chouchouté par la jeune servante de la maison. Rejeté par celle qui veut à présent tourner la page, il se retrouve d’abord à l’hôpital puis à la rue avec son fidèle compagnon à quatre pattes qui ne le quitte jamais. Pour raconter cette histoire Francis Huster fait de même : il ne quitte jamais de l’objectif de sa caméra un Jean-Paul Belmondo qu’il met en scène de bout en bout de son film. Un film au final assez paradoxal.
D’un côté il narre l’expulsion du vieil homme, la perte de son passé et d’une partie de son identité, la quête du chien égaré, les poubelles fouillées, les clodos et les restos du cœur : la misère en somme. Et de l’autre côté, il embringue une pléiade de talentueux comédiens toujours prêts à nous sortir une petite blaguounette : dans le tram avec José Garcia, Patrick Bosso et Michèle Bernier, à la fourrière avec Bruno Lochet qui « ne croit plus dans les Hommes », sans oublier l’inimitable rire de Daniel Prévost. Un ton en totale contradiction avec le drame social qui se noue sous nos yeux et qui anéantit quelque peu les destinées tragiques d’un vieil homme qui à l’orée de sa vie semble prêt à abandonner tout ce qui le retient sur Terre.
La réalisation de Francis Huster qui se voulait sobre, se révèle en fait pauvre, et l’émotion qu’il a souhaité insuffler autour de Belmondo n’arrive jamais à nous submerger. Reste donc une réflexion sur la vie, la survie et la renaissance. Reste aussi notre Bébel qui n’a pas dit son dernier mot au sein du cinéma français, Huster étant impatient de retravailler avec lui !... On prie déjà pour un meilleur résultat.
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