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Depuis qu'il a été enrôlé à l'âge de 15 ans, Vitório a passé 20 années à se battre pendant la guerre civile angolaise. Aujourd'hui la guerre est terminée mais les blessures restent. Vitório y a laissé une jambe en toute fin de conflit, en sautant sur une mine antipersonnelle. De son côté le jeune Manu, 12 ans, vit avec sa grand-mère et espère qu'un jour son père ou sa mère reviendront…
Du monde lusophone, on a plutôt l'habitude d'entendre parler du Portugal et du Brésil. Il était donc plus que nécessaire qu'un film angolais (certes co-produit par des capitaux portugais, français et européens) soit mis sur le devant de la scène. C'est donc chose faite avec « Un héros », qui a notamment obtenu le prix du meilleur film dramatique étranger au dernier festival de Sundance. On est bien obligé d'avouer que 99% des gens ne savent rien ou presque sur ce pays africain. Et pourtant, 30 ans, ça aurait dû être assez long pour entendre parler d'une guerre civile, non? En tout cas le film de Zézé Gamboa n'est pas vraiment là pour servir de séance de rattrapage puisqu'il se contente de disséminer ça et là quelques informations pour permettre au spectateur "angolamment inculte" de comprendre l'histoire de son film et surtout la situation post-guerre du pays. (Et ne comptez pas sur moi non plus pour le cours d'histoire-géo, faites quelques petites recherches vous-même, ça vous fera du bien!)
D'un point de vue strictement cinématographique, il convient de saluer la maîtrise de la réalisation, qui ne tombe aucunement dans les clichés, nous entraînant au contraire sur quelques fausses pistes en appuyant justement sur de faux parallèles. Quant à l'interprétation, sans aller jusqu'à l'admiration qui serait exagérée, elle est globalement plus qu'honnête, ce qui est franchement rare dans le cinéma africain! Mais plus que l'histoire des personnages – au demeurant très intéressante et émouvante – c'est bel et bien un portrait de la réalité contemporaine de l'Angola que le réalisateur nous brosse pour sa première fiction (après une carrière de documentariste). Il parvient à trouver un juste milieu entre un optimisme naïf et une sombre vision dramatisante. Gamboa nous livre donc une description réaliste, pleine d'espoir, sans pour autant être dupe face aux nombreux éléments encore bancals de cette société détruite: prostitution, marché noir, gamins des rues, personnes disparues, clientélisme…
Au milieu d'un tableau de Luanda apparemment noir, hommes, femmes et enfants tentent de renaître à leur façon, vivant au jour le jour, sans trop d'illusions. D'ailleurs, couleurs et musiques égayent par touches subtiles cette touchante esquisse, la rapprochant par la même occasion d’un univers brésilien, comme si la langue et la latitude conféraient une véritable fraternité entre les deux pays, comme si Gamboa exprimait le désir de voir son pays émerger comme son cousin d'outre-Atlantique. Mais si le réalisateur montre une société qui semble prête à laisser derrière elle les conflits pour enfin avancer, il prouve aussi qu'il est lucide face aux huiles du pays, pas préparées à laisser de côté leurs intérêts égoïstes pour le souci de tous. Même l'élite intellectuelle, incarnée par l'institutrice, n'est clairement pas idéalisée malgré les bonnes intentions qui l'animent. Tout n'est pas encore rose donc, mais tout n'est plus noir non plus. Croisons alors les doigts pour que la paix soit durable dans ce pays. Peut-être aurons-nous droit à un autre état des lieux par Gambao dans les années qui viennent?
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