© Gaumont Distribution
Martin revient d’une cure censée avoir soigné son alcoolisme. Censée, parce qu’en réalité, Martin n’a pas du tout l’intention d’arrêter de boire. C’est même le seul moyen qu’il a trouvé pour accepter sa vie triste et désabusée où l’amour semble disparu pour toujours…
On le sait la collaboration entre Emma Luchini et son compagnon, l’écrivain Nicolas Ray, est fructueuse ; en témoigne le César du meilleur court métrage obtenu cette année pour "La Femme de Rio", film réalisé à quatre mains. Alors pour son deuxième long métrage, en solo, la « fille de » a une nouvelle fois adapté un roman de son conjoint, et a tiré une comédie sobre et mélancolique où il est à la fois question d’espoir et de désespoir. Car ce film s’exprime avant tout dans la dualité, dans l’opposition entre deux frères. L’un est jeune, candide, amoureux de l’amour, ne craignant ni le futur ni la société qui l’entoure ; l’autre est moins jeune, plus désabusé, baladant son spleen derrière son ventre bedonnant sans ne plus croire en rien, traversant sa vie comme une âme égarée.
La cinéaste va alors croquer le portrait de cette fratrie avec douceur et bienveillance, l’occasion pour elle d’évoquer les thèmes chers au roman comme le premier amour ou les espoirs naïfs de la jeunesse. Mais elle va aussi s’éloigner de son matériau originel, notamment avec la création d’un personnage féminin, solaire et déluré, catalyseur des enjeux du scénario. Au milieu de ce paysage masculin, c’est ainsi Veerle Baetens qui va tirer la couverture. Celle qui s’était déjà révélée dans le très beau "Alabama Monroe" attire une nouvelle fois toute notre attention, autant par sa grâce que par l’énergie qu’elle dégage. Et l’exploit est loin d’être mince, le trio Manu Payet/Zacharie Chasseriaud/Fabrice Luchini étant également parfaitement en forme.
Drôle et léger, "Un début prometteur" manque toutefois de constance pour véritablement susciter les émotions espérées. Si cette comédie douce-amère déploie des propositions plastiques intéressantes, avec notamment plusieurs scènes incroyablement lyriques et gracieuses, la mise en scène un peu mollassonne et les fluctuations de rythme tendent à enfermer le film dans un étau trop étroit, alors qu’il excelle justement lorsqu’il se permet des folies, lorsqu’il s’éloigne du réalisme pour nous inviter dans un univers où onirisme et fantasmes se mêlent. Néanmoins, Emma Luchini est définitivement une grande directrice de comédiens, usant de sa caméra comme d’un écrin pour les faire briller. On a hâte de la retrouver derrière un objectif.
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